2021: bienvenue dans l'absurde.

Appart mal isolé, il pleut désormais dans la chambre. La défilé de moteurs à explosion continue là dehors. Trop froid pour sortir. On y est. Troisième pseudo-confinement. Au tout premier, je plaignais les gens bloqués en ville, sans soleil. M'y voici m'y voilà, avec fuites et bruit en bonus. Qu'est ce qui nous tuera en premier? Le changement climatique? L'idéologie capitaliste? Une pandémie de variants ultra-virulents? L'isolement? C'est officiel, ma famille n'est plus. Ce soir en plein dîner, mon père a eu l’indécence de lire sans avertir une sorte de contrat de loyer, avec chiffres et détails juridiques à l'appui, comme si nous étions dans une relation purement propriétaire/client. Tout le monde écoutait poliment, même mon frère, qui affirmait il y a une semaine que jamais la famille ne ferait payer de loyer à la famille. 20 ans de locations toujours plus obscènes ont dû altérer son sens de la cohérence. Je suis parti avant la fin tellement ce contrat n'en était pas un. Quand le capitalisme pourrit les relations, il n'y a plus d'amis, de famille, de proches. Tout n'est plus qu'un livre de compte, de transactions bien nettes, de possessions, possédants et possédés. On m'avait vendu une communauté, me voici dans un royaume marchand où l'argent et le statut font loi. Seul de nouveau, je refuse de marcher au pas, d'entrer dans la logique mortifère. L'avenir n'a jamais été aussi incertain. Il m'incombe désormais de transformer mon angoisse existentielle en combustible pour avancer vers... autre chose.