Le supermarché (2019, par Thibaud B.)

Je travaille dans un supermarché, le vocabulaire y est très restreint. il est pressé, dépouillé de ce qui ne sert pas l'objectif commercial et l'efficacité. J'assiste à un équarrissage sémantique à coups de badinages. Les mot sont réduits à leur fonction. asservis à ce qu'ils désignent, ils deviennent des doigts qui pointent des besoins, sont employés ceux qui se disent avec le moins d'effort, qui se reçoivent le moins péniblement.

On est assommé de discours que l'on ne souhaite pas emporter avec soi, les mots sont allégés mais aussi édulcorés et finalement collent aux souvenirs. La poésie s'est échappée, le jargon est vide, monolithique, sans ampleur

On est loin d'un vocabulaire artisanal et technique qui traduit la complexité, la nuance, les finesses d'une activité

Totalement, entièrement, complètement, tout-à-fait peut se réduire à 100%. On cultive la redondance, la répétition, le radotage

Ce qui n'est plus usité est incompris, ce qui est incompris est oublié