Fin de Windows10

2025, l'année où les politiques numériques sont confrontées à leur manque de vision.

Après des années de déploiement d'outils Microsoft dans les services publics et de ministres du numérique actionnaires du géant américain1, la fin de Windows10 prévue pour octobre 2025 marquera-t-elle un tournant en matière de stratégie publique numérique ? Ou bien, la France continuera-t-elle à se faire imposer l'obsolescence de son parc informatique, des conditions générales d'utilisation aberrantes, et le potentiel usage des données des utilisateurs pour entrainer des Intelligences Artificielles toujours plus voraces en datas ?

La fin d'une histoire d'amour

Microsoft, l'a annoncé puis démenti puis finalement l'a confirmé, le 14 octobre 2025 sera la date de fin des mises à jour de sécurité de windows 102. Ce qui veut dire que tous les ordinateurs sous windows 10 seront exposés aux multiples failles de sécurité du système d'exploitation. Et donc que toutes les machines sous windows 10 connectées à Internet ne sont plus utilisables. Ce n'est pas la première fois que Microsoft arrête les mises à jour de sécurité des anciennes versions de windows. Ce qui change cette fois c'est que l'entreprise américaine impose des pré-requis matériel à l'installation de Windows11 qui correspondent à des ordinateurs très récents. Donc que des postes informatiques tout à fait fonctionnels se retrouvent inutilisables en l'état. Cela concerne énormément de postes dans le monde et donc en France. Le Canard Enchaîné a ainsi rapporté que près de 19000 postes informatiques de la police nationale seraient obsolètes à partir du 14 octobre3. Si cette fin annoncée n'a pas fait grand bruit en dehors de la sphère des libristes et des entreprises informatiques, elle aura deux principales conséquences pour l'État et les collectivités territoriales : une augmentation des investissements avec des postes qui ne sont pas encore amortis et un désastre écologique de plus. Le nombre de 240 millions d'ordinateurs qui ne pourraient pas passer à windows11 a été annoncé, mais ce ne sont que des estimations. Impossible donc de savoir le nombre exact de postes concernés mais ce qui est sûr c'est que le chiffre sera très élevé. Pour l'État, qui a annoncé vouloir faire des économies dans tous les ministères et pour les collectivités territoriales dont les dotations ne cessent de baisser, cette information aurait dû déclencher une vague d'indignation voire de réponses politiques fortes, pourtant jusqu'ici peut ont été les responsables politiques à battre ce fer-là. On peut toutefois citer quelques exemples de grandes villes à avoir fait des annonces dans ce sens ces dernières semaines : Grenoble4, Lyon ou encore Strasbourg. On est encore loin de la prise de conscience nationale. Annonces non pas anti-Microsoft mais pour la souveraineté numérique.

Le compteur tourne

Il ne reste donc que quelques semaines aux organisations qui n'ont pas encore pris la mesure de ce cataclysme technique pour réagir. Heureusement, plusieurs solutions sont encore possibles et rien n'est joué. Microsoft propose en effet de payer 30$ pour s'abonner à windows10 Extended Security Updates (ESU), qui pour l'instant ne doit durer qu'un an. Donc une option pour repousser l'échéance à l'an prochain. Il existe aussi des outils pour forcer la mise à jour vers windows11 comme Flyby11 / Flyoobe qui sont des utilitaires qui permettent de passer les barrières de windows update. À ce jour, je n'ai pas encore testé moi-même cet outil. Attention windows11 est un outil à manipuler avec beaucoup de précaution. Il est rempli d'outils “IA” en tous genres et le nouveau programme Recall le rend extrêmement dangereux pour les données personnelles des utilisateurices5. La meilleure solution, bien que la plus fastidieuse, reste de quitter pour toujours l'univers Windows/Microsoft. C'est le choix fait par certaines administrations il y longtemps, comme la Gendarmerie. Cette voie est en effet la plus vertueuse car les alternatives à Windows existantes (Zorin, Ubuntu, Mint, Debian, Primtux, ...) peuvent fonctionner sur des ordinateurs de toutes générations. Elles respectent toutes la vie privée des utilisateurs et sont dans une logique de simplification des usages. Elle implique cependant de questionner les outils informatiques utilisés et donc d'avoir du temps pour prendre de la hauteur. Le temps, voilà une chose que l'on a plus car je vous rappelle que la date est fixée au 14 octobre et que le compteur tourne.


1 https://www.usine-digitale.fr/editorial/dans-la-declaration-d-interets-de-clara-chappaz-des-actions-chez-nvidia-microsoft-amazon.N2233756)

2 https://www.microsoft.com/fr-fr/windows/end-of-support

3 https://www.presse-citron.net/18-746-ordinateurs-obsoletes-windows-10-police/

4 https://www.grenoble.fr/1048-transition-numerique-responsable.htm

5https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-la-fonction-controversee-recall-de-microsoft-relancee-96716.html

6https://aidelinux.gogocarto.fr/

Pierre-Mary GIMENEZ-GUILLEM https://link.boc47.org/@PierreMary