Qui devient plus riche au final ?

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Dès lors que l'on est soumis à une sollicitation d'achat, de changement de tel ou tel de nos matériels, la question à se poser est : “Qui devient plus riche au final, qui est vraiment gagnant ?”

J'étais aujourd'hui devant l'un des postes de mon entreprise, une unité centrale des années 2000, genre pentium IV, sous Debian + XFCE, et qui fait très bien le job que je lui assigne, à savoir contrôler une machine numérique. Et j'étais en train de me dire du coup : “Depuis le temps qu'il tourne ce pc, j'en ai économisé de l'argent...” Et me vient donc cette réflexion qu'il faut se demander “qui devient plus riche ? qui est vraiment gagnant ?” face à telle ou telle sollicitation de changement de machine, d'ordinateur, etc.

La réponse est évidente à priori, c'est le vendeur qui est gagnant essentiellement, mais pas forcément au final, si le changement est pertinent. Mais oui, en soi, dans 90% des cas, c'est le vendeur qui y gagne, pas l'acheteur, si le besoin n'est à la base pas ressenti par l'acheteur.

Il est intéressant de s'y attarder un peu.

Je repars de ma distinction devenue habituelle de la triple valeur des objets, machines, etc :

Si je reviens à mon “vieux pc” qui fait très bien le job, est à jour sous Debian (eh oui, ce n'est pas comme de continuer à utiliser Windows XP non maintenu sur un vieux poste...), l'analyse de la valeur me donne donc :

Ce qui est intéressant à noter ici, c'est que ma valeur fonctionnelle et ma valeur d'usage restent couplées dans la durée car il n'y a aucune caducité des logiciels utilisés qui sont “maison” et peuvent être adaptés si besoin et / ou des softs Debian maintenus dans la durée, peu gourmands en ressources, etc. Bref, tant que çà tourne et que çà fait le job, il n'y a rien à changer. Et comme le dit très bien le proverbe : “On ne change pas une équipe qui gagne”, ici une équipe technique pc + debian + softs maison.

On a donc ici un “cas d'école” d'un découplage entre la valeur fonctionnelle et la valeur d'usage qui restent couplées et la valeur marchande qui est nulle ou presque.

D'un point de vue énergie/matière, l'amortissement est très bon pour ce qui concerne la fabrication. Pour ce qui concerne l'usage, c'est un peu moins bien que si j'avais un poste plus récent, mais je n'émets rien pour autant ou presque puisque c'est que de l'électricité, sur un abonnement 100% “énergies renouvelables”.

Alors évidemment, j'entends d'ici les injonctions publicitaires, commerciales, techniques, etc... qui voudraient m'inciter à changer ce “vieux poste”... mais qui serait gagnant ?

J'entends d'ici le dédain technique : “Où là là.. t'as encore un truc comme çà... mais çà ne se fait plus là... ah ouais, là t'es carrément “has been”... faut vivre avec son temps quand même...” Mais au final, çà ne serait des injonctions que d'ordre “culturel” ou “social” ou “psychologique”, car factuellement, il n'y a rien qui justifie un changement.

La vraie question donc, qui serait gagnant si je changeais ce “vieux pc” ?

En fait, pas moi car çà ne changerait rien : le nouveau poste ferait exactement le même job, en étant peut-être un peu plus réactif, mais dans mon cas, çà ne joue pas. La machine démarre en 1 minute, et c'est totalement acceptable dans mon cas. Donc le gain en valeur fonctionnelle et d'usage serait ici nul.

D'un point de vue du chef d'entreprise que je suis, c'est même un excellent investissement que de faire durer le plus longtemps possible ce vieux poste. Car un nouvel achat correspondrait à une dépense, qui devrait donc elle-même être réamortie sur une nouvelle durée d'usage, etc.

L'équipe de Debian, elle est ni gagnante, ni perdante... : on voit qu'il est intéressant que cette neutralité existe. Il n'y aucun conflit d'intérêt pour Debian à maintenir un système opérationnel libre. Et l'impact environnemenal de leur action est probablement énorme ramené au nombre de pc qui sont remis et maintenu à flot grâce à eux. Je parle de Debian, mais çà pourrait être appliqué aux distributions libres dans leur ensemble.

Le vendeur d'un nouveau matériel serait gagnant car il toucherait sa marge. A noter que l'Etat serait aussi gagnant car il toucherai la TVA, les charges sociales associées au travail du vendeur, etc.

La planète ne serait pas gagnante, car nouvelle émission de fabrication, nouveau transport et création d'un déchet puisque le poste existant que j'utilise existerait toujours et il faudrait soit l'utiliser à autre chose, soit le revendre, soit le détruire. Et il y a fort à parier qu'il ne trouverait pas preneur car autant il répond à mon besoin, autant il ne répondrait pas à un besoin “générique”.

Donc on le voit très bien ici : mon intérêt propre et l'intérêt environnemental ne sont pas ceux des fabricants / vendeurs ni de l'Etat. Personnellement, je n'aurai qu'une perte de valeur marchande sans gain fonctionnel ni d'usage associé en cas de changement. Et comme mon objectif est le maintien du maximum de valeur fonctionnelle / d'usage tout en minimisant ma dépense monétaire, il n'y a pas photo.

Alors pour un pc, on pourrait dire : “t'es gentil là, mais c'est pas çà qui va changer grand chose...” Ok, mais si je parle non plus d'un, mais d'une dizaines de postes dans la même veine ?! Alors là, c'est carrément un budget informatique qui “saute”... et ramené sur 10 ans, çà commence sérieusement à chiffrer. Et c'est pour çà que je récupère toutes les UC que je vois passer qui ont encore quelque chose de correct sous le capot... et je les utilise. Et je ne suis pas prêt de m'arrêter ! Le record à battre actuellement pour moi d'une UC en utilisation quotidienne doit être 20 ans ! Bon pour moi, bon pour la planète. That is it !

#écologie #économie #durable #logiciellibre #debian