[La Marche des Géantes]

À tous les féminismes qui me chargent d'une joie féroce

La rue crie et s'écrit sous nos pas Résonne de chants De rires De tambours qui grondent Comme l'onde

Marée montante de géantes

La rue de bouscule S'accule Se prend Prends mon slogan Prends mon chant Sens mon sang Qui bout À bout de souffle On crie Nous femmes, filles, mères, grand-mères On crie à bout portant On ne tire pas la révérence On tire dans le tas Dans l'irrévérence Mot pour mot Pas à pas À corps et à cris

Avec nos fesses Nos cuisses Nos langues fourchues Nos bouches farouches Nos dos dressés

Nos têtes indomptables Même à coup de maquillage Le rire et la rage Forment nos visages Pas sages

La rue est notre page On l'écrit

À corps et à cris À cru À corps perdus Qui se retrouvent en masse Qui s'amassent Fracassent le pavé

On prend la liberté D'être là On prend la liberté À bras le corps À bas Le corps corseté qui craque On attaque Le jour et la nuit

À corps et à cris Encore et encore On jouit De cet espace De cette place Face à face Bas les masques On chasse le mascu De tout âge Qui traîne dans parages

On est armées jusqu'aux lèvres On se lève On s'élève entre sœurs Sororité de sorcières Fières Dominées à prédominance féminine Portées par la horde de celles Qui partagent leurs ailes Leurs regards Leurs voix Leurs chants

Prends prends

Cet espace et cette voix Ils existent Pas sexistes Par toi