[L'Ombre]
entre Evgueni Schwarz et la psychanalyse
Chacun·e porte son ombre
Le plus souvent Elle reste au sol ou au mur Bien sage À nos pieds
Mais parfois elle se projette sur Notre propre corps Nous ne sommes alors que l'ombre de nous-mêmes Si elle se loge dans la tête, on ne se reconnaît plus On se déteste, même Tout paraît brouillé quand elle est dans les yeux On s'égare si elle se perd dans nos pieds Et dans la voix Alors gare à qui écoute Tant elle absorbe toutes les couleurs
Mais il ne faudrait pas la prendre comme un parasite ou Un microbe à éliminer On porte l'ombre sur soi Comme On est soi-même son ombre
C'est l'identité en substance Si légère qu'on ne veut pas la voir Si dense qu'elle nous effraie
Pourtant Quand une bataille est à mener Combat d'idées ou de poings Il est bon de se pencher De tremper les doigts dans ce reflet de nuit Et De porter ensuite les mains à ses joues De s'en faire – substance sombre et visqueuse - Des peintures de guerre