Monstres
“Éloigner les monstres, / sans croire / que, mufle chaud, / ils peuvent venir, / boire dans nos mains” – Danièle Corre, Comme si jamais personne
Je renoue avec les monstres J'aime leur puissance Leur marge des forêts et du dessous des lits Le pouvoir de destruction Dans leur seul regard
Les monstres tranquilles Géants Aimant l'ombre Veillant À ce qu'on les laisse tranquille
J'aime l'assurance du croc qui tranche De la griffe qui coupe Sans se fendre d'un sourire
J'aime qu'ils soient tout entier habités Par leur étrangeté
Je les aime En miroir de moi
Je veux Lilith Médée Méduse Charybde Baba Yaga Kali Loup·ve·s-garou sirènes vampires harpies Tou·te·s les ogres·ses qui sourient De leurs yeux plus gros que le ventre
Je veux leurs mâchoires Pour dévorer Les monstres qui passent Qui se pensent Plus grands Plus gros Plus puissants Plus dévorants que moi
Je veux être de celleux Qui font bande la nuit Qui gardent dans le cœur Une morsure qui jallit