[Poème boréal]
À Joséphine Bacon
Je rencontre une poétesse innu Parlant une langue inouïe Une langue De lichen et de vent Qui dentelle les mots en Papakassiku – le maître du caribou Nutshimit – la terre Kununiti – le vent Nutiki – la neige Aimun – le mot Une langue Dans laquelle le mot “poème” n'existe pas Dans laquelle le mot “poème” a été inventé Car il n'est pas besoin de nommer Une langue entière qui est poème
Les mots sont des échos Des voix qui se sont tues Mêlées à celles qui se souviennent Qui cherchent à la trace Dans la neige ou ailleurs Des morceaux de mémoire Accrochés au tambour et À la danse lente des étoiles
Sous l’œil du caribou Du courant des rivières et de l'aurore boréale Même la plus nue et la plus petite des pierres Est un poème nomade