[Qu'il faut porter l'obscur]
Le temps s'écoule en suspension Le monde autour de moi est nu Comme mon esprit tendu Vers une direction que je ne connais pas encore J'espère que mon corps Avancera Posera ses pas au bon endroit Marchera pour ma tête Qui reste immobile sur les épaules Se dégageant de toute responsabilité Je perds le nord Le sud l'est et l'ouest Le haut et le bas L'intérieur même
Que l'obscur est sombre Ça paraît simple dit comme ça
J'ai l'impression d'être au bord d'une falaise De chercher encore un chemin invisible dans le vide Alors qu'il n'y a qu'à rebrousser chemin Revenir en arrière Voyager dans le temps Ou disparaître dans celui d'une chute
Elle dit ça la sorcière Qu'il faut rêver l'obscur Qu'il faut en prendre soin Que toute femme qui regarde en elle Est de celles Qui se baladent nues avec la puissance de la nuit
Moi je suis perdue Avec sous la peau Une obscurité si dense que je n'y vois rien Une partie de moi Coupée du temps de l'espace et du monde Je ne me sens pas puissante Je me sens si fragile Que je fuis le sommeil et le lit Pour ne pas ajouter d'ombre Aux lumières qui disparaissent déjà Restant tard à écrire Me levant tôt pour écrire Comme si la page blanche Et les lettres d'encre Pouvaient seules tatouer la peau de l'intérieur Donner des mots au silence de tombe Faire sonner les clochettes d'argent Et laisser des gouttes de rosée d'aurore Sur les toiles d'araignées Qui font dentelle Sur le plafond de ma boîte crânienne