Courir, démanteler, disparaître, rêver…

Hier matin j'étais parti courir. À mon retour j'ai voulu partager par l'écrit quelques bouts de petits pas.

Pouhahhhhhhhhh ! 😲

ce matin, 20 km en 1h 20 min 43s

Heuuuu

Ayant repris le 19 juillet, après 1 an sans rien, puis avant juste de la rando (6 à 9h) et encore avant rien ou presque − avec très peu de régularité.

Je viens de couper pendant 2 semaines, 1ère semaines quelques marches (2 à 4h) avec 12 kg sur le dos, semaine 2 rien du tout

J'étais parti pour un footing avec juste envie de faire 50 ou 60 min au feeling tranklilou bilou.

Au point de repère prévu à 29 min j'avais plus de 6 min d'avance. Pas compris là. et j'étais très bien sans sensation d'être parti vite.

Je me suis dit : va à 60 min et on verra… puis vers 40 min vient Coco on va plus loin.

Trottait aussi dans ma tête la crainte d'un coup de bambou à 50 minutes ou 55.

Le parcours fait un AR de 11 km au max et totalement plat. J'ai essayé de me convaincre d'aller « doucement » dans le sens de pas accélérer, notamment après le demi tout comme je le fais par habitude.

j'ai quand même, involontairement / fore de l'habitude haussé le rythme après le 11e km.

Petit coup de feuille de bambou, pas le bambou entier à 50 min. Re très à bien à 60 min. Toujours à me dire « hey Coco, te pousse pas dans les orties tous rouges de surrégime ».

Bah, j'ai cru avoir cassé la montre…

Bon, le dernier 3 km fut par force de l'esprit quand même, faut avouer. Et le dernier 1 000 m impossible de finir comme j'aime (à fond et bien au dessus de la moyenne de course).

J'étais tout en surprise. Pas compris ce qui est arrive. Je vais tempérer ensuite.

Même la séance de renfo prévue ensuite fut bien au dessus de ce que j'avais prévu.

Je sais qu'il faut se méfier des « reprises ». Et on verra ce que l'organisme me reverra demain et à 48h et ce que mon corps va dire.

J'ai vérifié les piles de la montre 3 fois, j'ai aussi re check le parcours pourtant déjà très bien connu et métré. Pas d'erreur.

C'est vraiment cool. Je verrais Dredi pour la nouvelle sortie.

Trop cool aussi : j'ai franchi des portes d'un nouvel univers, la barre du 20 km, sans m'en rendre compte (bon ok, j'avais d'excellent repère là il y a plus de 14 ans en arrière).

Je rentre à grandes enjambées dans la redécouvertes des océans entre le 20/22 km et le 42/43 km − que jeux boucler dans 1 an. et c'est pas une sinécure.

Neg : Je crains de revenir vers ce que j'ai quitté et essayer de liquider / composter : la « compétition par la performance ».

Oui, il s'agit de « performer » et pour autant je veux vivre cela loin et dans lignes qui ne sont celles des normes de compet' mainstream.

Puis cela est devenu un peu plus lourd.

Bref,

J'ai donc été formaté et engrainé / entraîné à subir et aussi m’infliger des charges « hors normes » et aussi à faire en sorte que cela en croissance constante d'intensité et de répétition ; et bien évidemment à aimer cela

Voir aussi ce fil récent de Hacking Social https://framapiaf.org/@Hackingsocial/111046725305696620

J'ai fait la compétition sportive avec « succès » dans le sens de qui était attendue par les différentes autorités (familles, autres filiations et les institutions)

J'en ai profité pour en faire un métier (prestige, risques, ect) qui en lui comme en moi étant rempli d'un tas de nouilles en vrac trop cuites et même moisies de contractions : corps d'élite des pompiers de Marseille (militaire intervenant dans le civil).

Ce fut une obligation de survie que de quitter et accompagner cela d'un très long et lourd travail de liquidation et compostage.

Cette « anodine et simple sortie de cours à pied » me rappelle aussi que tout cela n'est pas « terminé » et que les modalités et structures de ce « monde » sont toujours existantes en frottement avec mes choix de vie actuels et qu'ils ne pourront pas être effacés et disparaître de ce qui me constitue.

Nous héritons et nous somme hérité⋅e⋅s au moins autant que nous héritons − Durkheim.

Par exemple:

« Petit » j'étais, 11 ans, et mon papa m'emmenait courir avec lui et parfois avec d'autres membres de la famille. Saisir tous les implicites dans cet acte de vie cela vaut de l'or. Bref, un fois, après un match de tennis en 5 set (4h), on est rentré en courant (4 km) et j'ai tout fait pour arriver le premier. Mon père, sportif, avait 36 ans; mes cousins moins sportifs, 20 et 26 ans.

J'ai « battu » tout le monde. Et j'ai fait un malaise à l'arrivée à la maison.

Il y a encore peu, j'avais la réputation de beaucoup manger. Un moment de ma vie je trouvais marrant et même gratifiant. (putain fait chier les trucs que vous m'avez rentré dans le corps et la tête). Oui, même là il « fallait que je fasse plus que les autres ». Des ami⋅e×s aussi ont participé à entretenir ce cas, bien malgré elleux car aussi imbriqué⋅e⋅s dans des héritages et des structures active comparables et conjugables. J'ai eu des troubles de l'alimentation, et toujours quelques résurgences de cela. avec de boissons alcoolisées c'est idem. Un trouble compulsif avec diag, sans addiction (ouf/heureux pour moi).

J'observe aussi un comportement comparable lorsque je prends des notes et lors de lectures ou dans l’investissement orga / d'events hacktivistes.

En 2013, j'vais décidé de tenter de rompre en « violence et radicalité » avec tout cela.

Et… Paf… le corniaud

J'avais choisi de partir à pied à sac à dos dans de tours sans fins, très performatif et très « compétitif » en mode « hobo ». Tour de Bretagne, puis tour de France, puis plus. Sans filet, sans assurance, sans pause, en « autonomie » et aventure.

Hackerspaces, squats, tiers-lieux, labs, machins et machines de choses…

Répétition je vous le dis, Ouroboros je répète

Certes, j'ai marché pour m'extirper et rencontrer des personnes extra et ouf et j'ai fait un sacré chemin (de croix ahahaha, et merde en fait et fait chier quoi).

C'est avec les IndieCamps qu'un tournant plus profond fut possible pour moi. Enfin je croyais et je crois possible encore.

Or, aujourd'hui encore & toujours, je cours. Et dans cette pratique d'un loisir, qui me fait un bien de dingue quand bien même, j'essaie à la fois de m'éloigner et de comprendre tout cela en cherchant des voies pour avancer dans un « autrement » et vers un horizon opposé à cet extractivisme consumériste compétitif (tout en excluant de vivre en cohabitation avec des personne engluées dedans).

Et merde, je vise (contradictions encore) d'accomplir marathon (symbole de shit) en courant.

Plus succinctement,

Nous héritons et nous sommes hérité⋅e⋅s, faut bien travailler cela pour les personnes plus jeunes que à qui nous « donnons et que nous obligeons » (Mauss, théorie du don) et des autres autour de nous.

Il est jouissif d'apprendre à connaître et démanteler les autorités oppressives.

Cette nuit, très chaotique, j'ai rêvé de Jacky Bleunven, bien que jamais rencontré de ma vie

il avait quitté Plabennec, Bretagne, le 14 septembre 1991. Il voulait parcourir le monde en courant. 50 000 kilomètres et 60 pays à traverser en courant − disparu au Pakistan le 13 février 1992.

https://www.planet.fr/faits-divers-disparu-il-y-a-30-ans-quest-il-arrive-a-jacky-bleunven.2779601.807918.html

Il aimait, apparemment, les défis comme lever des menhirs à mains nues https://todon.eu/@XavCC/106958005608424624

Dans mon rêve il me parlait dans une langue que je ne connais pas et son intention était incompréhensible. Je ne sentais que le trop plein d’enthousiasme de sa part.

Ce rêve était précédé d'un avec mon grand-père, très influant et près présent dans ma vie, dormant paisiblement dans son lit toutes ses nuits jusqu'à son réveil où chaque matin il était forcé, par des choses étranges, de revêtir sa seconde peau qui lui imposait sa poliomyélite chaque jour un peu plus violente et tuante.