Se débattre avec soi-même

J'ai vécu et parcouru mille aventures, traversé des catastrophes, rencontré des peines.

Les maladies et les morts furent même mon quotidien pendant 10 ans. Urgentiste et soldat du feu qui court dans chaque catastrophe et accident. 8 années ont été vécues autrement depuis. Mille et une si chère vie.

J'ai mis mon corps et mon esprit à l'épreuve. Par le sport, par le métier, par les excès, la luxure et gloutonnerie.

J'ai une impression d'avoir toujours grandi au travers de ces événements — comme un casier où l'on range les petits caractères acquis qui serviront à imprimer typologie et typographie sur un être constitué. Un tatouage de le vie.

Depuis 2 ans je suis malade, chroniquement, hasardeusement et aléatoirement frappé. Là, je suis démuni et anxieux comme jamais auparavant.

C'est arrivé et apparu un jour. Irruptions et gonflements, rougeurs et transpiration, aux points d'une urgence médicale rash qui pensa à un choc anaphylactique dans un premier abord.

À la loterie des maladies j'avais gagné une intoxication probablement alimentaire selon le médecin — lui même épuisé par d'autres problèmes. Dans les conditions anormales du corps et de l'esprit il n'y a jamais de chance ou de malchance, il n'y a que maladie(s). Je n'étais pas intoxiqué puisque malgré le traitement et pas d'aliment risqué la crise revint — certes moins forte comme si mon corps commençait dès les tous premiers jours à encaisser. Tous les jours durant la première quinzaine, heures différentes, quoique je tente ou que médecin et pharmacien essaient.

Knock-out physique, j'étais épuisé pendant la crise d'une à deux heures, et après évidemment. Augmentation de la température corporelle, boursouflures, trouble gastrique, douleurs comme pour une piqûre venimeuse à chaque endroit du corps défiguré. Démangeaisons odieuses ajoutant du stress ici où il existait déjà. Les journées de travail était largement amputées. Ma vie sociale et les rencontres très impactées.

Zona, eczéma… rien de tout cela selon plusieurs médecins.

Plus d'une année à se faire boxer par cette maligne pathologie qui fixe elle-même nos rendez-vous sans ni me prévenir, ni toujours honorer sa présence.

Ça, cette chose là lorsqu'elle déforme votre visage et toute votre peau, elle rend inquiète toute personne autour de vous. Plus encourager si cette personne à des sentiments forts pour vous.

Ma seule réponse était et est encore de m'allonger, d'encaisser et d'attendre que ça passe.

Elle avait déjà disparu depuis de longs mois jusqu'à cette semaine post-déconfinement. La tête, l'esprit et le corps n'ont plus les règles qui me conviennent. Ils m'impriment un message d'alarme que je reçoit sans consentement et qu'il m'est difficile de décoder. Je me pensais guéri, voir aguerri, elle est revenue me rappeler ma condition.

Les angoisses que j'avais traversées depuis de longues années avec une impression de victoire se rappellent à moi. Un feu brûlant aux odeurs de Pyrrhus — barouds trop généreux qui ne laissent que des cendres derrière eux.

Je constate et subit aujourd'hui que des choses de la vie me clouent au lit. Je suis le sujet involontaire d'angoisses que je ne ressens pas avec les moyens dont je dispose. Elles s'expriment alors autrement sur moi et en moi.

Il est assez probable, sans évidence garantie, qu'un combat entre moi et moi-maladie ne ferait pas de gagnant. Les combats sont fatiguants, blessants, stressants et ces conséquences sont dans les causes de mon dysfonctionnement.

Probablement que les vécus lourds et constituants des passés qui se sont empilés jouent un opportun * bordel* aujourd'hui.

Je dois ré apprendre à vivre et appréhender le monde autrement. Thérapeutique, méditation (transcendance ?), acception de la chronicité et de l'imprévisible d'un corps biologique que je ne contrôle plus. Ré accorder toutes mes fragilités avec ma différence et désabuser mes privilèges.

J'ai assez d'espoir d'être en bonne voie. Un petit signe est qu'aujourd'hui j'utilise cette crise pour (vous) écrire quelque histoire le visage déformé et brûlant.