La peur l’oubli

Le temps me semble filer entre mes doigts. Tel le poisson que je pêchais en lit de rivière. Tel l’eau filante, insaisissable, tu pars tu cours.

La peur me semble retirée dans son coin. Je sais qu’elle est là, terrée cachée. Elle veille, elle guette. Prête à bondir elle se tient prête.

Ce soir je me sens sombre. Ce soir je me sens ombre.

Bête recluse au sombre de sa tanière, Tu ne sors plus que par pénombre. Presque je ne te reconnaîtrais plus.

Qui es-tu ? Celle que j’ai connue jadis. Qui respire qui transpire la mort ?

Qui es-tu ? Celle que j’ai connue ensuite. Qui m’a prise au ventre par le manque ?

Qui es-tu ? Celle qui me raconte et me conte. Qui veut bien t’aimer ma pauvre enfant ?

Qui es-tu ? Celle qui hante les jours et les nuits. Tapie dans les tréfonds d’un imaginaire prolixe ?

Tu m’a prises tu m’as figée. Les mémoires te traînent dans mes chairs.

J’ai soufflé ton linceul par force de souffle d’amour. La guerre fut rude. Ne reviens pas. Garde ton suaire pour le grand jour.

De ton velum je ne veux point. A force de lumière d’amour j’ai usé ton voilage. J’espère bien l’user jusqu’au cordage. L’user jusqu’à poussière. L’user jusqu’à l’oubli.

Non pas l’oubli qui nie. Mais celui qui vit. Celui qui sait. Celui qui choisit.

« Je n’ai besoin de rien ». Nourrie en mon sein. Telle j’aimerais ma devise.

Sarita 26/01/21

#pensée