[Toile d'amour]
Les étoiles filantes Quand on fait l'amour Toiles Tissées de nos bras De nos doigts Étoiles filantes Lentes Dans nos respirations Qui luminent Nos corps
Poésie, cotylédons, paillettes et compagnie. Féministe aussi. | @angele.lewis.poesie
[Toile d'amour]
Les étoiles filantes Quand on fait l'amour Toiles Tissées de nos bras De nos doigts Étoiles filantes Lentes Dans nos respirations Qui luminent Nos corps
[Refuge]
Les arbres Refuge quand le temps va trop vite Quand je dors Immobile Enracinée Qu'il m'est bon de me poser entre leurs branches À attendre Le jour
Ils se font cachette Complices vivants et muets Sans visage Doux Ils tendent leurs bras énormes et noueux Pour m'accueillir Je me recueille Et me recroqueville Dans leur creux Descendant dans leur tronc Cabane De silence Écureuil ou petit insecte Je suis en invitée Et me fais bouche close – bouton de rose -
J'écoute J'attends Attentive À mûrir Fruit dur parmi les noix
[Invasion]
Comme s'il préparaient une invasion D'une infinie lenteur Les nuages s'amassent Aux têtes des montagnes Ils roulent des épaules Des genoux Du cou Arrondissent le dos Et se laissent tomber Ils déversent leur poids Poche d'eau Qui ne demande qu'à crever
Les mains de brume s'accrochent aux arbres Laissent filer Leurs doigts de fumée Masse compacte Presque immobile Tant il lui faut des heures Pour avaler les pentes Mais elle les avale Avide Et la terre qui se dresse Verte Disparaît
Aspirée Par le blanc Et le silence
[Sous ton ciel]
Entre ciel et terre Quand je suis avec toi Je nage Sous la mousse des nuages Sous la voûte Dont tu est la clef Suspendue Je fais plus que respirer Comme si l'air – le vent - Me traversait de part en part
Aérienne
Je ne sens plus le sol Je suis dans un bain chaud Je ne pense plus Je suis
J'existe au monde
Et quand tu pars Je dois ré- apprendre À avaler ma salive À marcher droit À tenir À résonner seule
Sentir le sol à nouveau
[Jardin d'intérieur]
Si j'étais une pièce Peut-être un jardin À l'étage d'une maison Au toit troué/défoncé
Je m'engouffre dans les interstices Je mousse sur les murs Je tombe en lierre sur la façade Je bourgeonne – timidement - En peuplier
C'est une ancienne salle de bain
Dans la baignoire aux pattes de lion J'accueille Les feuilles Qui pourrissent en humus Odeurs de champignons La décomposition Recompose La matière Qui se dresse en rameaux En fougères Qui repoussent Le sol Pour le soleil
J'éclate en fleurs jaunes de cresson Pour lui faire concurrence En marguerite, moi aussi j'ai mes rayons
La nuit Tout se ferme J'entends la pluie
La pièce se fait à nouveau Salle d'eau Les gouttes accrochent les murs Je les retiens Je bois J'avale Désaltérée
Il n'y a plus qu'à attendre La roseur de l'aube Pour tout recommencer
[À la fleur des cheveux]
Et si On pouvait se planter Par la racine de nos cheveux
On se poserait au sol Pour une sieste Et puis On se rendrait compte que nos mèches sont p·l·a·n·t·é·e·s Dans la terre Et À quelques centimètres Une pousse Châtaigne ou Blonde ou Brune ou ...
Et on regarderait Sans pouvoir lever complètement la tête Liée À la terre
On sortirait alors Une paire de ciseaux De couture Petite et dorée En forme d'oiseau Pour ne pas effrayer la pousse Dont les cotylédons s'ouvrent à peine au monde
Et on couperait Mèche Après Mèche Jusqu'au dernier fil de cheveu du sol
Et tout doucement On se lèverait
On s'éloignerait à reculons Empruntant au chat Ses pas de voleurs – Empreintes de velours -
On s'éloigne On s'éloigne On s'éloigne Et une fois de dos On continuerait sa sieste Quelques centimètres plus loin
[Racines]
Mon cœur cherche ses racines Je suis plante qui meurt d'eau Je sonde de mes radicelles L'espace autour
Je cherche des yeux Des oreilles Et du bout des doigts Un lieu lumineux qui me nourrisse Dans la carte des constellations familiales
Je me souhaite presque Étoile filante ou fille de l'air Tant je manque de ciel
[Ciel et serpents]
Des éclairs En squelettes de serpents Sur des nuages si fragiles Si pâles Qu'ils ne semblent pas à leur place.
A l'horizon, Le ciel est bleu comme un bord de mer Un trait d'encre dilaté – Chenille duveteuse d'aquarelle - Sépare les reptiles de feu De l'océan.
A l'ouest, Des montagnes à l'envers Taillées dans les nuages.
Le ciel a décidé De se faire paysage Ou bien peut-être est-ce moi Qui ait envie d'aller Explorer.
Y partir en voyage.
[nuit]
Plaque de verre Sombre Piquetée d'étoiles
Toile tendue Au-dessus De nos têtes
Éclats furtifs D'étoiles filantes
Tente D'en cueillir sur le toit Allongé·e·s Sur la couverture