De l’hiver naissent des promesses.

Hiver temps de dormance. Hiver qui révèle les failles, les roches, les beautés des sous-bois, le vol des pics, la clarté du lac. Reflets du revers en face de la vallée, cimes inversées, V de l’oiseau sur l’onde qui garde son mystère. Grèbe ? Colvert ? Sarcelle ? Nette rousse? Fuligule ? Harle ? Foulque ? Vos noms me font rêver, ce V de trop loin observé… Temps d’introspection, de découvertes.

Tant de temps paysages familiers pour ouvrir mes yeux à vos particularités, vos habitants palpitants dans la lumière du soleil couchant. Aspérités d’une roche constellée d’éclats de quartz et de fossiles, sous ma main caressante me dévoilent des sensations nouvelles. Le terrier d’un renard, le cri du grand corbeau, le passage du chamois, le vol d’une buse, l’épervier perché tout près. Vous me faites rêver paysages de rêve, de tant vous avoir côtoyés sans jamais suffisamment vous observer. Que de promesses à venir. Que sens-je en mon cœur en mon corps ? La même promesse d’un monde toujours à ma portée et si peu écouté. Enfin je m’achemine, du dessus de la falaise je regarde ma vallée intérieure. Que de merveilles, de nuances, de surprises. Enfin te regarder, te respirer, te prêter une oreille attentive. Terre tu palpites sous le couvert de feuilles, de mousses ou de pelouses.

Quand je t’aurai suffisamment explorée et qu’il restera tant à découvrir, alors je l’inviterai ou le laisserai m’appeler, celui qui chemine vers le même horizon. Nos pas se réunirons sur ce chemin à deux voix où chacun sera libre de porter son regard là où il le souhaite, d’appeler au partage ou pas, de faire sa halte en solitaire. Nous nous retrouverons pour des pauses solaires. Grignotages de baies offertes. Extases amoureuses au bord d’une falaise, au creux d’un nid de feuilles. Offrir nos corps et nos cœurs en communion avec l’extase du chant des oiseaux amoureux. Souffle du vent sur nos corps enlacés. Puis repartir le cœur en joie et le regard léger… Affronter la rudesse des passages délicats, s’écarter les branches avec délicatesse. Glisser, patauger dans les sentes humides. Patienter quand l’autre tarde à peiner dans la côte, ou à ne plus finir de régaler ses yeux. Cheminer sous l’orage comme sous la canicule, vers des chemins inconnus jusqu’alors insoupçonnés. Se retrouver lovés sur un tapis de mousse sous les étoiles. Paysages marchés, paysages rêvés, paysages aimés, paysages partagés.

Sarita 18/12/20

#histoire #poésie