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from Aler Pus Lon

Un verre d’eau était posé devant son visage. À moins que ce ne soit lui qui s’est mis le visage devant le verre d’eau. Il ne s’en souvenait plus, et au fond cela n’avait que peu d’importance. Cela aurait pu être un verre de jus de fruits, ou encore un verre vide, s’il y réfléchissait un peu. Le problème n’était pas que le verre d’eau soit en face de lui – ou qu’il soit en face du verre.

Non, la question de l’emplacement d’un verre d’eau dans son espace vital n’avait d’importance que parce que la cause de son arrivée devant son visage lui était inconnue.

Il n’était pas endormi, et ne devrait pas souffrir d’Alzheimer ou toute autre maladie dégénérative de la mémoire à son âge. Pourtant, un verre d’eau était devant lui, et il ne se souvenait plus pourquoi. Sans bouger sa tête posée sur ses bras repliés, eux-mêmes posées sur la table de la salle à manger, Alix analysa ses alentours. La table n’était pas mise, pas encore. Cela ne serait tarder, se dit-il cependant, car la télévision était allumée et il entendait vaguement son père s’affairer derrière lui. Un rapide coup d’œil vers l’horloge holographique lui confirma sa pensée.

12 h 48.

Dans 11 minutes, sa mère entrerait dans leurs appartements, et dans la minute qui suivraient, Alix et sa famille mangeraient pendant exactement 1 h 26 pour leur permettrait 4 minutes pour ranger un peu la table et partir en direction des salles au centre du bâtiment.

Il ne devait pas être en retard, pas aujourd’hui, quitte à manger moins que d’habitude.

Il se releva de sa position, prit le verre d’eau et l’observa de plus près.

Il ne se souvenait vraiment pas de depuis quand ce verre d’eau était devant lui.

— « Papa ? C’est toi qui as mis le verre d’eau ‽ »

Le silence fut sa seule réponse. Son père semblait ne pas l’entendre, trop occupé dans la cuisine à faire il-ne-savait-quoi –

Enfin, si, Alix ne devait pas être de mauvaise foi. Il savait ce que son père faisait.

Il faisait la même chose qu’il faisait tous les mois. Il faisait le repas. Le même repas chaque mois même, un repas léger, facilement digérable et mangeable, mais qui contenait quand même assez de nutriments pour pouvoir tenir lors d’une réunion de deux heures. Accompagnant son pat simple, une salade de fruits fais avec des fruits et des légumes du coin, voire de la planète. Une espèce de tomate, évoluée étrangement sous l’étoile 41 Lyncis (aussi nommé Intercrus) ou bien une pomme de terre donc la peau était devenue dure comme la pierre quasiment.

— « Papa ? »

Ce dernier sortit enfin de sa cuisine. Sans un mot, il lui tendit juste des couverts. Le message était clair : < Fais la table au lieu de parler >. Une fois la porcelaine en équilibre précaire dans les bras du jeune homme, il se retourna et plongea une fois de plus dans la cuisine.

Alix soupira. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire, se dit-il en s’approchant de la table. Il avait compris assez vite comment cela fonctionnait entre adultes dans sa famille : pas de réponse pour les questions stupides.

Pas de réponse pour Alix.

Pas de réponse pour son verre d’eau.

Alors Alix réfléchit à autre chose.

Il n’y avait pourtant pas beaucoup de sujets auxquels il aimait penser. C’était souvent top dur pour lui, ses pensées allaient dans tous les sens au mieux, ou lui échappaient au pire. Un cerveau vide de voix, où même formuler sa parole lui était prenant en énergie.

Un moment, c’était une gorge nouée. Il émettait des sons aigus mélangés à des sons graves, avant de tousser. Le souffle lui manquait alors bien assez vite, et il devait se résoudre à ne rien dire.

Un autre, sa voix devenait brouillée, entrecoupée. Il répétait sans cesse les mêmes syllabes jusqu’à ce qu’il soit obligé de laisser tomber.

Bien sûr, chaque abandon lui venait surtout à cause du regard des autres. Ils le fixaient d’un regard noir et impatient. Certains se détournaient de lui, d’autres finissaient sa phrase à sa place.

Pas de temps pour Alix. Pas de temps pour lui qui ne parlait pas.

< Pauvre Alix >, aurait-il pensé.

S’il en avait l’énergie.

Il termina de mettre les couverts, séparant les fourchettes des couteaux suffisamment. L’assiette est placée au centre, devant la chaise ; il en avait trois, comme le nombre de chaises à la table.

Sa tâche terminée, il se rassit. Il ne lui restait que cinq minutes à attendre, mais que faire pendant ces minutes ? Ses muscles lui semblaient lourds, et il n’avait vraiment aucune idée de quoi faire. Ouvrir son GSM et lire quelque chose ? Aller sur internet ? Non, mauvaise idée, si sa mère le découvrait sur son GSM un peu plus d’une heure avant la réunion familiale, elle aurait sa peau.

Comment osait-il se distraire alors qu’il avait des choses plus importantes à faire ‽ Alix entendait presque sa voix.

Au final, le temps qu’il prit pour penser à ce qu’il allait faire se suffit en lui-même, puisqu’il entendit la porte d’entrée s’ouvrir.

La mère d’Alix venait de rentrer.

— « Salut maman. »

— « Bonjour Alix. Je vois que tu es enfin levé. Es-tu prêt pour cet après-midi ? »

Pas comme la dernière fois, ni la fois d’avant. Et ne parlons pas de celles d’avant non plus tant qu’on y est…

Il se contenta de hocher la tête. Son silence fût prit pour une approbation et sa mère se tourna vers son père. Elle commença à lui poser des questions à lui-aussi, sur sa journée, sur ses projets.

Alix se laissa bercé par les voix. Leur propos coulaient sur lui, rentrant d’une oreille et sortant par l’autre. Il n’était pas interessé par les hobbys de son père, et encore moins par la journée de sa mère.

Les minutes passèrent rapidement pendant qu’il était dans cet état second. Une bouchée après l’autre. Le repas d’aujourd’hui était le même que le mois dernier, la texture la même. La tomate toujours aussi forte, toujours aussi verte dans la salade de fruit. Et pourtant…

Et pourtant…

C’était assez terne aujourd’hui.

§

Il va sans dire que, pour Alix, la procession vers la salle des réunions des Fuméchaudes faisait partie des plus longues qu’il connaît. Elle ne faisait bien sûr pas plus de mètres que n’importe quelle marche d’un bout d’une rue vers une autre. Physiquement, il ne s’agissait que d’une marche de quelques minutes, dont une d’entre elles se déroulait dans un ascenseur. L’appréhension de l’arrivée, cela dit, changeait toute la teneur de ce déplacement pour lui.

Et pas qu’à lui. Lorsqu’il ne se sentait plus vraiment respirer, dû au stress, il regardait ses parents et voyait comment eux aussi n’étaient pas naturels. C’était bien simple, eux aussi ne marchaient pas normalement.

Sa mère était une femme d’affaires qui avait toujours eu ce qu’elle voulait. La grand-mère maternelle d’Alix aimait à lui rappeler sans cesse les histoires d’enfance de sa mère. À peine sortie du berceau qu’elle marchait déjà avec l’aisance qu’elle maîtriserait à l’âge adulte. Sa mère se déplaçait avec une cadence qui la séparait des autres personnes qu’il connaissait. C’était un pas après l’autre, lentement ; elle marchait comme si elle mourait si son pied n’avait pas roulé avec son pas. Lorsqu’elle portait des talons, surtout les talons aiguilles avec les semelles compensées à la mode dans le Bras d’Orion en ce moment, elle rythmait la cadence de ses bras et de son corps avec le rythme de sa marche. Son corps entier avançait comme une personne (ah !), laissant derrière lui jalousie, envie ou peur.

Sa mère marchait comme elle pensait. Patiemment, mais sûrement, elle allait vers son objectif de la même manière qu’elle préparait ses plans pour obtenir ce qu’elle voulait. L’exemple le plus concret de cette personnalité était son mariage avec le père d’Alix. Elle l’avait vu au détour d’une rue, et sitôt ce dernier dans son champ de vision, elle avait su que cet homme serait le sien. Et même que la grand-mère maternelle d’Alix avait rajouté que, quand elle se disait prête à tout, elle ne l’avait pas dit à la légère.

Une femme imperturbable, voilà ce qu’était sa mère.

Or, même elle ne pouvait cacher le léger empressement dans ses pas. Son buste, d’habitude si droit, quasiment perpendiculaire au sol, penchait vers l’avant. Et ses pas étaient légèrement plus rapides que le « clak- … clak- … » synchronisé avec ses battements de cœur.

Et du côté de son père, c’était un homme simple qui connaissait sa place dans le monde. Le grand-père maternel d’Alix lui avait expliqué qu’il avait la démarche de ceux dont le monde ne refusait rien. ⁙  s’était-il crié une fois.

Alix ne voyait pas en quoi la famille de naissance de son père influençait sa manière de marcher… Alix ne marchait pas du tout comme son père, il n’avait pas la tête si haute…

Tout ça pour dire que cela le rassurait de les voir presser le pas. Ça les rendait humains, pour lui.

Cela les rendait comme lui.

Et ça, ce sentiment d’appartenance, il l’aimait bien.

Même si ce n’était que pour quelques minutes par mois.

Perdu dans ses pensées, il fit tout de même attention en entrant de l’ascenseur principal du bâtiment. Il ne devait pas rentrer dans ses parents, ils se rendraient compte qu’il ne faisait pas attention à ce qu’ils disaient. Enfin, moins que d’habitude.

Ses parents discutaient toujours en face de lui. Quelque chose en rapport avec une cousine ? Une injustice pour les descendants directs ?

Il pouvait être lent, mais pour les discussions purement positionnelles au sein de la famille, Alix avouait qu’il ne voulait même pas y écouter ou y participer. Il avait un peu la flemme. Un peu beaucoup même.

Cela étant dit, la discussion ne dura pas plus longtemps, car l’ascenseur arrêta sa descente et ils durent sortir.

Se tenait devant eux le dernier couloir, et au fond de ce dernier, une porte en bois massif violet. Derrière cette porte faite d’un chêne ayant muté également bizarrement sous l’étoile Intercrus se trouvait la fameuse salle de réunion du clan.

Son père toqua une fois.

Quand Alix avait été plus jeune, quand il cherchait encore à comprendre le monde qui l’entourait et que ses yeux brillaient de curiosité – d’après sa grand-mère maternelle –, il se demandait pourquoi son père ne toquait qu’une seule fois : toujours de la même manière d’ailleurs ; une fois, au milieu de la porte, vers la gauche, à l’opposé de la clinche. Il avait alors regardé comment les autres toquaient. La mère de son arrière-petite-cousine devait toquer cinq fois, tandis que son cousin 'Tis (qui était techniquement son cousin germain éloigné au 1er degré, mais au vu de la différence d’âge entre eux, était resté son cousin) devait toquer deux fois. Il avait émis l’hypothèse que la distance avec la Matriarche dictait le nombre de fois qu’il fallait frapper la porte, mais son oncle toquait aussi qu’une fois alors qu’il n’était que son gendre. Il avait compris que cela dépendait de ce que la Matriarche voulait.

Bref, tout ça pour dire que son père frappa une fois, attendit quelques secondes avant d’ouvrir la porte et de rentrer, Alix et sa mère aux talons.

Comme d’habitude, on aurait pu entendre une mouche voler. Personne ne parlait, ni ne bougeait ou ne faisait du bruit, ce qui avait toujours impressionné Alix autant que cela lui faisait peur : sur les 30 personnes présentes physiquement et les 20 autres en ligne, aucune ne faisait du bruit.

Alix avait toujours peur de trébucher sur une chaise ou se mêler les pieds et tomber. Dans un tel silence, l’attention se serait portée sur lui.

Et ce n’était pas une bonne attention. Ah ça non !

Il arriva à sa place sans encombre.

Première étape de passé. Maintenant, il suffisait qu’il fasse semblant d’écouter et qu’il se fasse tout petit assez que pour passer inaperçu.

Facile, il avait 22 réussites à son actif !

Il venait de se plomber l’ambiance tout seul…

— « Christelle n’est pas encore arrivée ? C’est quelque peu étonnant… » La voix de sa tante lui fit l’effet d’une piqure d’insecte, et il tourna la tête vers elle.

— « Il y a encore quelques minutes avant que Mamy n’arrive, ne nous réjouissons pas trop vite. »

L’homme qui avait répondu était un des neveux de la Matriarche.

Comment s’appelait-il déjà ?

Eddy ?

Ody ?

Odieux, ça, c’est sûr, mais Alix ne connaissait plus le prénom.

Bah ! Jusqu’à ce qu’il s’en souvienne, ce sera Odieux.

Les discussions autour de lui ne reprirent pas, et le silence s’installa une fois de plus. Tous autour de la table se regardaient et se jugeait, leurs yeux fixant telle ou telle personne pour des raisons qu’Alix ne connaissait pas, mais se doutaient, allaient être expliquée lors de la réunion.

Ladite Christelle rentra en panique, brisant le silence. Tous tournèrent leurs regards vers elle, et Alix, bien qu’assez éloigné de l’entrée, vit avec précision ses épaules atteindre ses oreilles. S’étant faite toute petite, elle s’installa à l’extrémité de la table centrale.

Sa position signifiait deux choses : elle allait parler lors de la réunion, mais elle n’était pas assez importante que pour se rapprocher de la Matriarche.

Elle avait de la chance, car à peine deux minutes plus tard, et Alix s’autorisa un regard vers l’horloge qui annonçait l’heure actuelle – 14h 39 –, la Matriarche rentra. Dès le premier pied passé dans l’antre de la porte, tout le monde dans la salle se leva.

Alix le fit une demie seconde plus tard, quasiment imperceptible. Il était lent, après tout, tout le monde le savait, alors personne ne le fit remarquer. Ni maintenant et ni plus tard…

Doucement, sans fanfare, la Matriarche s’avança. Elle n’en avait pas besoin, de fanfare. Chacun de ses pas, de ses clock – clock, dont un sur d’eux était soutenu par le tump de sa canne, coupaient le silence au couteau. Même avec l’âge, elle se s’était jamais tassée sur elle-même, toujours droite. Le regard vissé devant elle, elle ne s’avança ni trop lentement ni trop rapidement, jusqu’à son fauteuil en tête de table. Une fois assise, elle balaya de son regard l’assemblée : le signal pour qu’ils se rassoient. Une fois cela fait, elle dit d’une voix forte :

— « La sixième réunion hebdomadaire du jeudi 39e du Printemps de l’an 48 commence. »

Alix n’avait pas besoin de regarder l’horloge pour savoir qu’à peine eu-t-elle finit de dire sa phrase, que cette dernière affichait 14h40. Mamy n’était jamais en retard et toujours ponctuelle.

§

Il n’aura pas fallu vingt minutes pour qu’Alix commence à s’ennuyer.

Pas que cela le surprenne, bien sûr, mais quand même… vingt minutes étaient un nouveau record.

Il s’attendait à ce que plus de choses se passent en un mois. Mais il semblerait que ce printemps-ci, pas grand-chose ne se soit déroulé. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose, puisque cela pouvait dire que la réunion ne durerait pas.

Le contrepied d’un tel fait, comme un prix ou un sacrifice à faire dans l’espoir d’obtenir une bénédiction ou autre, était que le temps passait lentement. Très lentement.

Les meilleures réunions, ce sont celles qui – et loin l’idée qu’Alix soit sadique ! – mettaient en scènes des échecs ou bien des trahisons. C’étaient toujours celles-là où il y avait des retournements de situations. Alix pouvait alors fixer du regard les membres de sa famille et analyser leurs mimiques sans soucis : que ce soit les animosités ou les alliances sous-jacentes.

Et bien sûr, au centre de ce chaos ordonné, se trouvait toujours Mamy, la Matriarche Fuméchaude.

En pensant à elle, Alix dirigea son regard discrètement vers sa grand-mère. Cette dernière considérait ce qu’un oncle lui présentait. Alix tenta de se reconcentrer quelque peu, mais abandonna vite lorsqu’il entendit parler de < propositions d’alliance avec une entreprise du système stellaire adéesse sept-mille deux cent cinquante et un >. En plus de n’en avoir rien à faire de ce genre d’alliance de sous de table, il ne connaissait pas de système nommé adées –

Ah, ADS 7251… Il parlait du système stellaire ADS 7251…

Maintenant qu’il y faisait attention, il voyait le nom dans les notes de l’oncle.

Ça ne changeait en rien son propos.

Vingt minutes plus tard, il avait entendu des promesses quasi irréelles de profits, des questionnements sur l’image des Fuméchaude et, bien sûr, le futur anniversaire de son cousin. Cela continua le même cirque les vingt suivantes.

Il s’ennuyait sec.

Puis se fut enfin le tour de Christelle. Elle se releva sur sa chaise, et commença à parler d’une zone constructible dans le Continent 10. Elle voulait réutiliser l’espace laissé à l’abandon pour un projet… Alix n’avait pas bien entendu, une sorte de zoo ? Refuge ? Il avait perdu le fil.

Les « adultes » autour de la table s’offusquèrent, sourirent ou acclamèrent la proposition. Alix zona un peu, avant de revenir en entendant l’accord accordé par Mamy.

— « Je vous remercie Mamy ».

Christelle avait sa terre.

— « Était-ce là tous les points du jour ? » demanda l’ainée de la pièce après avoir laissé le silence plané un peu.

La Matriarche regarda le reste de l’assemblée. Christelle en profita pour se rasseoir, sans aucun doute rassurée que sa présentation se soit déroulée sans accroc, comme elle l’avait prévu. Mais personne n’avait d’autre chose à rajouter.

Alors Mamy acquiesça une fois. Puis deux. Puis elle referma d’un bruit sec le journal en face d’elle.

— « Dans ce cas, je vous laisse retourner à vos préoccupations. Au mois prochain. »

Elle se leva, l’assemblée suivit son geste – Alix avec une demie seconde de retard, encore – et elle quitta la pièce comme elle était entrée : à son rythme.

Cela donna l’occasion à Alix d’observer l’instant précis où, une fois Mamy loin de la salle, le soulagement se propager parmi les membres de la famille. Des épaules se relâchèrent et des discussions murmurées recommençaient, et les oncles, tantes et cousin·es se détournèrent du centre du local, et, à intervalle irrégulier, s’avancèrent vers la sortie.

La réunion mensuelle était finie, et le calvaire qu’elle apportait aussi.

Et Alix était là. Il reprit une respiration normale – il n’avait pas remarqué que sa respiration s’était accélérée, les battements de son cœur se synchronisant avec celle-ci et ses mains devenant alors moites de sueurs ; ce que son inconscient considérait comme danger était passé, la tempête était partie et Alix pouvait être calme. Il essuya ses mains discrètement sur son pantalon.

Il se cogna aussi la jambe sur la table, car en voyant ses parents partir sans lui, il s’était relevé brusquement. Bravo pour la discrétion.

Alors qu’il les suivait, la tête baissée, il remarqua que sa vue était brouillée par ses mèches de cheveux du front, ses franges. Il ne voyait que ses pieds, et non la direction qu’il empruntait – bien qu’il la connût par cœur, à force – et dépendait entièrement sur ses parents pour le guider ; le « clack-clack » rapide de sa mère, soutenu par le « cluck-cluck » plus lent de son père.

§

Si on programmait le planning quotidien d’Alix Fuméchaude, on trouverait le temps bien vite long. Le·a secrétaire chargé·e d’un tel travail n’aurait de quoi s’occuper que pendant un jour sur le mois, voire deux dans les rares exceptions. Iel aurait vite intérêt à trouver un hobby pour compenser le manque d’action et le fait que, concrètement, il n’y avait rien à planifier.

Alix avait fini l’éducation obligatoire depuis longtemps – c’est faux, seulement cinq ans – et n’avait jamais cherché à faire plus. Il s’était rempli les journées pendant un temps de diverses formations et de passage de permis. Une fois cela fait, il était parti participer à différents voyages initiatifs. Pas par plaisir pour lui ni par envie, sa mère refusait juste, encore à cette époque, la réalité qui était que son fils soit un flemmard. Ces voyages avaient permis de cacher cette inactivité aux autres membres de la famille – ils le savaient « stupide », il aurait été horrible pour elle qu’ils rajoutent le titre de « paresseux » à son palmarès ! Après deux ans, pourtant, la ruse fut découverte et Alix put enfin rester un peu chez lui.

Autant dire qu’il n’avait aucune obligation autre que celles communes avec les autres petits-enfants de la Matriarche. Du côté réseautage, ses rares amis étaient occupés avec leurs propres vies et carrières, et ne se regroupaient que rarement.

Rarement, certes, mais pas jamais, puisqu’une de ses amis avait envoyé un message sur le groupe privé commun à peine fut Alix de retour chez lui.

✉ ⟠TamTam⟠TamGSM → ⟠Alix.le.terrien⟠AlixGSM et al : « Quelqu’un partant pour une soirée cool à Caffé Inné ? »

Alix avait levé la tête. Il avait regardé un moment ses parents, avant de reposer ses yeux sur le téléphone.

✉ ⟠Alix.le.terrien⟠AlixGSM → ⟠TamTam⟠TamGSM et al : « Je suis sur Fuméchaupolis. Je suis partant ! »

D’autres confirmations furent envoyées ensuite, mais pas tout le monde pu accepter l’invitation.

✉ ⟠Alix.le.terrien⟠AlixGSM → ⟠TamTam⟠TamGSM et al : « C’est quoi l’adresse déjà ? »

Il n’avait jamais posé les pieds dans un café avec un tel nom, et la réponse qui lui fut donnée le réconforta dans cette idée.

Au 12, rue de Josse, Portail-de-Bois ? C’est en dehors de la Vieille Protection… À ce qu’il parait, c’est un chouette endroit. C’est bête que je n’aie jamais pensé à y aller…

Il envoya une réponse affirmative. Il arriverait dans vingt minutes, Tam lui répondit qu’elle serait là dans quinze. Les autres participants aussi.

Il prit ses affaires, pas besoin de se changer.

Il sortit.

Il marcha quelques minutes.

Il prit le tram.

Il marcha de nouveau quelques minutes.

Une fois devant le café, il attendit. Tam arriva, habillée sobrement. Elle venait de sortir de son boulot, sans doute.

Ils entrèrent tous les deux et, après quelques minutes, se retrouvèrent à une table. Un à un, ses amis arrivèrent. Tous également habillés sobrement. Alix faisait un peu tache avec ses habits colorés.

Une fois le dernier de ses amis arrivé, Alix ne put que sourire. Il les écouta, les regarda et participa de temps en temps à la discussion.

Il était tablé à une table de huit, alors qu’il n’était que cinq. Cela n’avait pas beaucoup d’importance, mais Alix fixa du regard les chaises vides. Il manquait quelque chose ici, comme il manquait quelque chose à Alix.

Un corps sans rien pour l’habiter.

Les chaises restèrent vides toutes la soirée, sans jamais être prises.

Il se sentit bien seul lorsqu’il reprit le chemin du retour, quelques heures plus tard. Les au revoir faits, les « à la prochaine » échangés… la routine reprenait.

Demain, Alix ne ferait rien.

 
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from Nasra's games

Petit article de présentation de Rhino Linux, une distribution à part dans le paysage des distributions basées sur Debian/Ubuntu.

Rolling Release ?!?

D'abord, un peu de définition !

Dans le domaine du développement logiciel, l'approche rolling release (littéralement « publication roulante », soit « publication continue ») fait référence à un système de développement logiciel en continu, par opposition au système par version, où l'on ne procède à des mises à jour en production qu'à la fin du cycle de développement d'une version du logiciel ou du système tout entier. Il est notamment utilisé par certaines distributions GNU/Linux. Un système rolling release est généralement implémenté par la mise en œuvre de petites et fréquentes mises à jour. Cependant, appliquer des mises à jour régulières ne signifie pas nécessairement faire usage d'un système en rolling release. Pour qu'une telle dénomination s'applique, les développeurs doivent utiliser une méthode de travail avec une branche unique, par opposition à des versions spécifiques à une étape du cycle (par exemple versions de développement, de test et de production). Dans un système de rolling release les mises à jour sont généralement fournies via un gestionnaire de paquets à travers une connexion internet.

Source : Wikipédia

Donc, si on résume, une distribution rolling release c'est une distribution où vous avez les dernières versions des logiciels et paquets disponibles, tout le temps, presque en temps réel avec les sorties des logiciels.

Avantages et inconvénients

Quelques avantages et inconvénients des rolling releases !

Avantages

Les avantages sont nombreux, notamment avoir les derniers kernels système permet d'avoir un support matériel au top ! Les dernières avancées en terme de pilotes, de gestion graphique sont très utiles pour les joueurs. Vous avez aussi accès aux derniers correctifs de sécurité en direct ! Les dernières évolutions en terme d'interfaces graphiques (Gnome, KDE...) sont directement accessibles !

Inconvénients

Le fait d'avoir les toutes dernières versions des logiciels et applications vous demande de faire des mises à jours régulières. Les logiciels ou paquets ne sont pas suffisamment testés pour être mentionnés “stables” et peuvent causer des soucis de compatibilité, des bugs... Il faut donc savoir mettre les mains dans le moteur et savoir s'en sortir ! Les dernières versions peuvent aussi contenir des failles de sécurité (rapidement corrigées, mais vous êtes un peu le cobaye)...

De la difficulté entre récence et sécurité

Les distributions rolling release (comme les distributions à base de Arch) ont souvent des “garde-fous” temporaires. Soit les paquets ne sont pas intégrés tout de suite dans la distribution, ils sont testés avant par l'équipe, soit on procède à une version “testing” de la distribution (et on s'éloigne de la définition de rolling release) avec déploiement général.

En terme de sécurité, il vaut mieux avoir un système stabilisé, connu, et patché qu'un système trop récent. C'est notamment le cas des distributions Debian : stables mais pas récentes en terme de version de kernel, de paquets...

Toute la complexité et le dilemme des distributions Linux (et plus largement de chaque projet informatique) c'est de pouvoir proposer des mises à jour récentes (mais pas trop) et de la sécurité (mais pas trop ancienne).

Rolling Release, un modèle de développement

Les fans d'Arch Linux jugent généralement Debian et son monde comme quelque chose d'un peu archaïque. Debian étant une des premières distributions Linux (fin 1993), elle profite de l'expérience de nombreuses personnes. Elle est connue, et sa communauté permet son intégration dans énormément d'infrastructures réseaux. Ubuntu profite de cet éco-système pour se développer.

De l'autre côté, Fedora propulsée par RedHat offre des possibilités qui se rapprochent le plus possible des rolling release sans en être. C'est un modèle de développement : la communauté et Fedora “testent”, c'est déployé dans CentOS Stream, qui reteste, puis dans RHEL, la distribution payante pour les professionnels qui veulent du sécurisé et stable.

Rhino Linux, comme un entre-deux

L'avantage de Rhino Linux c'est de prendre les avancées de la communauté d'Arch, d'y intégrer leur fonctionnement (le gestionnaire de paquets Pacstalls) et de l'adapter au monde Debian/Ubuntu qui adore le versioning de ses distributions (experimental, testing, stable, intermediaire, LTS...).

Autre avantage de Rhino Linux, celui de proposer Unicorn, un fork de XFCE pensé pour la modernité.

Le but de cet article n'est pas de vous faire passer à Rhino Linux, mais juste de vous découvrir cette distribution, et d'en profiter pour parler de rolling release ! Donc, testez et vérifiez si cela correspond à vos envies de distribution !

 
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from alberto12

5 Important Attributes You Need to Consider Before Ordering Your Custom Caps

The vast stock of headwear products makes Adams a top choice for customers in the market. Over the last 25 years, Adams have introduced variety of styles in their ever growing collection of caps, giving consumer market a great flare of choice in between different types of products. It is one of the primary reasons why it has become a very big name in the highly competitive circuit of headwear manufacturing, covering all types of customer sections and markets. All the headwear products of Adams are not only manufactured for the general community usage, but they are also being heavily preferred by the corporate sector as well. Their smart usage in promotional marketing activities has precisely elevated their status as the top marketing tool for companies. Because of their routine usage in the community, many companies like to utilize them as their go-to branding product, customized with right company logos and slogans.

A Little About Adams Caps & Headwear Products

Adams has certainly achieved a reputable status in the market in terms of manufacturing quality range of caps. They have successfully grasped a huge section of customers in the market due to their fabulous range of products. Made with dedicated precision, the headwear products of Adams are quite remarkable in quality and provides flawless durability throughout the years. Apart from the general consumer market, the demand of Adams AD969 caps is simple quite outstanding in the commercial sector as well. Just as defined above, the companies that are looking to use these caps as their promotional marketing tool, always choose the headwear products of Adams over other companies in the market. There are various attributes that makes Adams as their go-to brand, in which the quality is one of the biggest reasons behind their choice. While selecting a cap or any headwear product, you need to consider few points before finalizing any order. Below, we have discussed some of the important points that you must need to keep in mind before buying any cap from the market. Let’s quickly take a look at those points in detail below.

Key Factors to Remember While Buying Custom Caps Choose the Perfect Material

First of all, you need to look at the quality of material before making any final decision on the purchase of any cap or other headwear item. This is very important because you need to choose the material of your caps based on the priority of their usage. There are various kinds of fabrics used in the manufacturing of caps, precisely selected according to the conditions of its usage. From polyester to wool, felt to straw and more others, there are different kinds of material options available for caps, giving you a perfect choice according to your desired preference.

Pick the Right Style

Next, you need to pick the right style for your caps, keeping in view your own preference as well as market trends. There are various kinds of cap styles available in the market, perfectly made according to the demands of different customer section. You need to pick the right one among them, by carefully looking into their detailed attributes. Some of the cap styles that are popular in the market includes fitted back, snap back, velcro and more others. It is up to you to choose the best one among them, rightly as per your outfitting needs.

Choose Trendy Colors

Next up, you need to choose the impeccable color for your caps, rightly to imitate the perfect overall presentation. The selection of a specific color is very important because it depicts the overall visual theme of your caps. It is totally up to you to choose those colors that fits best on your styling. If you’d like taking on light colors, then white, grey or any other shade will suit best for you. Whereas if you like taking on lively colors, shades like black, dark blue and similar will be your perfect choice.

Select the Best Size Now, you need to select the best size for your caps that fits perfectly on your head. It is quite important because many times, people end up selecting the most worst size of caps for themselves, which precisely looks quite horrible and weird on them. It is therefore very important to know your appropriate size first, and then select the caps according to that.

Compare the Pricing Lastly, you need to compare the pricing of different caps with each other, rightly to select the best offered rates available in the market. It is quite crucial because it lets you know that whether your designated provider is offering the right pricing or not. There are many vendors operative in the market that offers additional or false pricing on these caps. Therefore, you need to conduct some research yourself before finalizing any order, so that you can save a good amount of money.

Final Words Caps and hats plays an essential role in your overall styling, therefore should be always chosen very precisely by keeping the above factors in mind. Right now, the market is flooded with different types of caps and hats styles that are perfectly crafted with stunning precision, as well as unique creativity. It certainly depends on you the pick the best one among them after analyzing your requirements and usage preferences. Your caps should look pretty decent and sophisticated, allowing your overall personality to look classy with it.

 
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from Quelques textes un peu trop longs pour mastodon

Writing a Letter
1904–1910
Herbert G. Ponting (British, 1870 - 1935)

Writing a Letter 1904–1910 – Herbert G. Ponting (British, 1870 – 1935) — https://www.getty.edu/art/collection/object/1043VF

Il y a quelque chose que je pense fondamental dans mon activité de programmation (quand j'ai le temps, ce qui est de moins en moins le cas, mais j'aime toujours autant ça) : quand on est lancé, on se sent porté par quelque chose qui n'est pas vraiment conscient, une espèce de flot de pensées qui s'enchaînent toutes seules, et d'une certaine manière le programme s'écrit tout seul aussi. On ne voit pas passer le temps. Au début, bien sûr, quand on maîtrise mal un langage de programmation, on doit “traduire” un besoin qu'on se formule en langage plus ou moins naturel dans la tête, en utilisation correcte des constructions disponibles dans le dit langage. Parfois on pense encore dans un autre langage de programmation, et on a tendance à essayer de “traduire” de l'un dans l'autre, ce qui n'est pas très efficace, et conduit souvent à mal utiliser les concepts du nouveau langage à apprendre. Par exemple pour passer d'un langage fonctionnel à un langage objet, il faut accepter de penser différemment. Au début on s'interrompt pour lire la doc, regarder des exemples, etc., et c'est un peu laborieux. Mais ensuite c'est comme avec une langue étrangère qu'on parle bien : on pense directement dans cette langue, on ne traduit pas. Dans l'apprentissage d'un nouveau langage de programmation, le moment où l'on réalise qu'on pense directement avec les concepts de ce langage, c'est très gratifiant.

En lisant récemment l'article Can you translate a book with DeepL? d'une traductrice professionnelle, je suis tombée sur un paragraphe qui colle exactement à la notion de flot de pensées ci-dessus : “Authors know the feeling, when they’re writing their book and the rest of the world seems to fall away: they’re in a rhythm where their full concentration is focused on one task. They can see the action and plot of their story in front of them, and the words seem to type themselves into the computer.”. Par ailleurs je comprends cet article comme expliquant que l'activité de traduction n'est pas une activité mécanique de passage d'une forme à une autre. On lit et on digère le texte original, et en quelque sorte on le “repense” dans la langue d'arrivée. Traduire (bien), c'est écrire. Et pour écrire bien, il faut être dans ce flot de pensées décrit dans la citation. L'autrice décrit l'activité de traduction qui s'appuie sur un premier jet produit automatiquement par DeepL comme pénible, parce qu'elle empêche d'atteindre cet état de “flot de pensées” où le texte s'écrit tout seul. C'est perdre ce flot qui rend l'activité pénible, qu'on y “gagne” du temps ou pas. L'article est d'ailleurs intéressant aussi pour la mesure de temps nécessaire, qu'on utilise un outil comme DeepL ou pas. Et finalement la question qu'on peut se poser à la fin, c'est : entre 1h agréable et 45mn pénibles pour la même tâche, que choisiriez-vous ? Ou même pire (vues les conclusions de l'article sur les cas étudiés) : entre 1h agréable et 1h15 pénibles pour la même tâche, que choisiriez-vous ? La question est vite répondue, n'est-ce pas ?

En retombant encore une fois sur cet article de Edsger W.Dijkstra On the foolishness of “natural language programming”, je me suis rappelée les grandes discussions à l'époque où tout un domaine de recherche en informatique travaillait sur la “synthèse” de programme à partir de spécifications en langage plus ou moins naturel. A l'époque je me disais : soit le langage de spécification est suffisamment précis pour que la traduction n'ait pas le choix, et alors on appelle ça un langage de haut-niveau avec son compilateur ; soit le langage de spécification n'est pas assez précis, et alors il reste du travail humain pour aller vers du code, on ne peut pas faire de “synthèse” automatique. On s'amusait de la direction suivie, en se disant que le langage ultime serait réduit à une seule instruction “Do What I Mean”.
Edsger W. Dijkstra argumente ici pour dire que compter sur un outil automatique pour “traduire” en code une pensée en langage naturel est totalement illusoire. La pensée est essentiellement ambiguë (heureusement), alors que le code pas du tout, tout aussi heureusement.

Bref, en reliant ces deux articles et ce à quoi ça me fait penser, je me dis qu'utiliser une IA générative pour programmer, ça a précisément les 2 défauts : – ça s'apparente à traduire avec DeepL, c'est-à-dire que ça remplace un travail d'écriture gratifiant en soi par un travail d'inspecteur des travaux finis essentiellement pénible, et avec lequel on ne gagne même pas forcément de temps – c'est le dernier avatar du rêve de la programmation en langage naturel, qui ne tient pas debout. Au lieu de penser directement dans le langage d'arrivée, on pense dans un langage de départ, et en plus on laisse faire la traduction par des outils très imparfaits.

 
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from Notes

Dernière mise à jour: 10/01/2025 20:00

Avec cette série de notes, je présente des opinions personnelles — en réaction à des discussions sur le réseau social Mastodon — sur le réchauffement du climat. La présente note fait suite à celle-ci: Réchauffement (2) — windy qui es tu (suite et fin)?

J'aborde ici la petite discussion que j'avais eue avec M1 d'abord, et M2 ensuite. Pour information, j'ai placé l'essentiel des échanges de vue dans ce document. Cela étant, lorsque je l'estime utile pour la compréhension de mes commentaires, je citerai des passages directement dans les notes.

Précisions introductives

Pour commencer, voici les deux opinions principales que j'ai exprimées au cours de cette discussion (je me cite):

(1) les rapports du GIEC n'évoquent pas de “dérèglement” climatique (mais un “réchauffement”) et (2) ... à mes yeux, il n'y a pas de “consensus scientifique” sur le fait que le CO2 soit le seul responsable du réchauffement constaté, que c'est un consensus politique qui a fabriqué l'idée d'un consensus scientifique.

Aussi, face à des reproches selon lesquelles je niais une réalité prouvée, j'ai par ailleurs précisé que je ne niais pas l'idée du CO2 anthropogénique comme facteur déterminant dans le réchauffement observé, mais que, du fait de ma propre démarche de recherche d'informations, je doutais de la justesse de cette idée. Je n'ai ni mis en cause l'engagement citoyen de mes interlocuteurs face à ce qu'ils perçoivent comme un cataclysme imminent si on ne fait rien, ni appelé à l'inaction, ni jugé négative la qualification de politique que j'attribuais au consensus actuel.

La discussion a été initiée par moi lorsque j'ai cru utile et nécessaire de signaler ce qui est à mes yeux une erreur que je constate assez régulièrement un peu partout, pas seulement chez M1. Voici une phrase à l'origine de ma réaction:

M1: ... Les preuves des conséquences du dérèglement climatique sont de plus en plus sous nos yeux.

C'était l'expression “dérèglement climatique” qui me posait problème. Comme M1 semblait ne jurer que par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), je lui ai demandé de m'indiquer un passage du dernier rapport de ce groupe qualifiant le climat, en s'appuyant sur des preuves, de “déréglé”. En retour il admit ne pas avoir trouvé de tel passage, mais m'a envoyé un graphique tiré du “Résumé pour décideurs” (note: je n'ai pas trouvé ce graphique dans le document de l'AR6) qu'il estime être une preuve manifeste émanant du GIEC de la réalité d'un dérèglement climatique. Il s'agissait de ce graphique:

graphique

Je lui ai fait remarquer que le graphique n'est tout au plus qu'une preuve de “réchauffement climatique” pas d'un “dérèglement”. Aussi ai-je fait remarquer que la variation naturelle telle qu'indiquée était considérée comme sous-évaluée par certains scientifiques et experts. Il m'a dit que je niais un “consensus scientifique” planétaire évident.

Plus tard, ayant pris le relais de M1, M2 a évoqué cette partie de la discussion:

Cessons de jouer sur des mots. Réchauffement, pas dérèglement, entendu.

Dans la présente note j'argumente que parler erronément de dérèglement climatique tout en prétendant se référer au rapport du GIEC de 2021, n'est pas chose anodine et que signaler cela ne relève en rien d'un jeu sur des mots. Dans la note suivante, je compte expliquer ma position quant au “consensus scientifique” concernant la responsabilité du CO2 anthropogénique. Enfin, répondant à l'invitation répétée de M2, je vais évoquer par la suite deux “thèses alternatives documentées” à celle de l'”origine humaine du réchauffement climatique”. L'une de ces thèses est, à mes yeux, aussi remarquable qu'ignorée même des soi-disant “climato-sceptiques”.

Jouer sur des mots

La remarque “Cessons de jouer sur des mots” est à mettre en rapport avec une autre affirmation du même intervenant (no 3):

... communiquer publiquement pour débattre de la réalité d'un consensus scientifique est dangereux: c'est nier une réalilté largement documentée.

Il s'agit de bien comprendre l'idée exprimée là: débattre d'un consensus documenté serait, selon cet interlocuteur, “dangereux”. Je reviendrai dans la note suivante plus précisément sur une portée particulière de cette idée, mais il est important d'avoir ce contexte à l'esprit au cours de la présente note.

A mes yeux, dire que le climat est déréglé ou qu'il se réchauffe sont à l'évidence deux choses distinctes — tellement distinctes que si l'on dit l'une à la place de l'autre on communique deux informations différentes. Puisque dans le cas présent il s'agit de se référer à un consensus scientifique dont nul n'est censé douter de l'exactitude sous peine d'être considéré adepte d'un “scepticisme politique qui nie la science(voir M2, no 9), il devient nécessaire, je pense même absolument nécessaire, de s'assurer à ne pas déformer ce que dit ce consensus scientifique, sous peine de se faire le porte-voix de propos qui nient le consensus même dont on se réclame et dont on critique le déni.

A mes yeux, le fait que mes interlocuteurs font exactement cela s'explique par la permission pour eux de pratiquer un “double standard”, un mécanisme “deux poids deux mesures” instauré en leur faveur: douter ou nier les affirmations du consensus scientifique est partisan (populiste? extrême droite? pro-lobby pétrolier?), anti-science, dangereux et condamnable, tandis que les déformer en les exagérant est acceptable, voire souhaité parce que au service de la bonne cause.

Pire, lorsque, rapport après rapport, le GIEC exprime l'idée que le réchauffement climatique anthopogénique est la cause potentielle (“likely”, “very likely”, “more likely than not”, “high confidence”, “low confidence” etc.) d'effets climatiques dangereux pour les êtres humains, mais qu'il ne dit jamais que le climat est déréglé dû à ce réchauffement, tenir des discours erronés sur le dérèglement climatique tout en étant intolérant à l'égard de discours différents, relève d'un comportement, même une volonté, qui aboutit à imposer autoritairement un discours, à en faire une doxa, voire un dogme.

Selon le GIEC, le climat qui se réchauffe pourrait par exemple engendrer des cyclones avec des vents quelque peu plus forts — calculés à 5% plus forts pour 2 degrés de réchauffement, impliquant que des vents de 200 km/h pourraient passer à 210 km/h. Cela ne veut pas dire que le système climatique soit déréglé. De même que plus de pluies ici et moins de pluies là et des étés un peu plus chauds et des hivers plus doux, n'impliquent pas non que le climat soit déréglé. Et même tous les événements potentiels possibles et plausibles ensemble n'impliquent pas un climat déréglé... en fait je ne sais même pas ce que serait concrètement un “dérèglement climatique”. Est-ce que le climat était réglé avant l'ère industrielle?

Un aspect de cette dérive du langage c'est qu'elle tend à générer une insécurité infondée et pas nécessaire sur la perception populaire des événements météo et climatiques et sur les politiques de l'environnement en général. Dire simplement, même éventuellement à tort, que le climat se réchauffe légèrement depuis une centaine d'années à cause des émissions humaines de CO2 dans le respect d'un “consensus scientifique” établi, cela traite les gens et soi-même au moins comme des adultes en leur faisant confiance avec un point de vue consensuel sur la réalité. Parler erronément de “dérèglement”, ne joue nullement sur des mots mais bien sur des peurs. Cela fait faussement croire que toute configuration météo est dorénavant la preuve d'un climat ayant perdu l'ensemble de ses mécanismes de régulation: il pleut pendant trois jours, le soleil brille en été, la neige en hiver fond rapidement, l'hiver est doux, le vent souffle fort... tout cela est devenu une preuve sous nos yeux d'un dérèglement climatique . Et lorsque ces peurs sont imposées par des arguments d'autorité tel celui d'un “consensus scientifique” dont on ne peut douter, cela s'appelle gouverner par la peur. Effectivement, je constate tout un pan de la société autour de moi qui a peur de sortir, peur de la neige, peur du vent, peur de voir le monde s'enflammer, peur pour leurs enfants livrés à un climat devenu sauvage... Ajoutez à cela ces images de dévastation totale, de planète détruite et de fin de l'humanité qui ne sont en rien liées au réchauffement et à ses conséquences potentielles mais qui “illustrent” des titres exprimant que de la faute des humains, la planète et et l'humanité sont livrées à une sauvagerie climatique apocalyptique qui est en train d'entraîner la survie de la planète donc de l'humanité à une destruction définitive.

C'est ainsi que nul ne s'offusque plus des surenchères déclaratives, alors qu'il est devenu usuel de voir toutes les formulations et prédictions conditionnelles des études scientifiques converties, au nom même du consensus scientifique, automatiquement et systématiquement dans les discours populaires et par des individus autoproclamés “journalistes experts en météo et climat”, en affirmations indiscutables, en certitudes certaines. Et on fait des parias socialement dangereux des personnes qui doutent de la pertinence cette dérive. Tout est permis pour déformer par exagération le rapport du GIEC — après tout il s'agit de sauver la planète et l'humanité — , le reste, même s'en tenir fidèlement audit rapport, étant dangereux et condamnable.

Face à ce que je perçois comme un “consensus scientifique” converti en “certitude populaire”, et face à une mauvaise foi qui, à mes yeux, prend de plus en plus de pouvoir dogmatique, un mot me vient alors spontanément à l'esprit. Et ce mot me dérange, me nargue, car je n'en veux pas, je ne veux y faire face, je me refuse à y croire et d'y avoir recours. Je prie, je prie pour que ce soit moi qui me trompe et que mes interlocuteurs M1 et M2 aient raison.

Obscurantisme.

Surtout, ne pas douter

En 2000, un journal britannique bien informé (The Independant) affirmait savoir de source sûre que les “chutes de neige sont dorénavant du passé... Les enfants ne sauront simplement plus ce qu'est la neige...” Pourtant, il neige encore au Royaume-Uni.

En 2001, un des auteurs d'un rapport parlementaire américain sur le réchauffement climatique a affirmé: “Les changements dans le climat pourraient, d'ici 20 ans, causer la disparition de l'industrie sucrière tiré des érables dans la Nouvelle Angleterre.” Cette industrie n'a pas disparu.

En 2006, le documentaire “An Inconvenient Truth” (“Une vérité qui dérange”) avec l'ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore, homme politique s'il en est, présentait ce qui était en train de devenir le “consensus scientifique”. Dans ce documentaire, le conférencier fait des déclarations et des rapprochements à ce point fausses qu'un tribunal britannique en a déclaré onze d'erronées. A l'époque, j'étais convaincu par les thèses du GIEC mais les dérapages ahurissants d'Al Gore dans ce documentaire étaient tellement visibles que je me suis senti obligé de mettre les gens en garde. Où étaient donc toutes ses personnes sensibles au “consensus scientifique” pour signaler les inexactitudes contenues dans ce film?

En 2009, un climatologue annonçait que “l'Océan arctique pourrait être pratiquement sans glace d'ici 2014”. Bon, c'était au conditionnel.

En 2012, Peter Wadhams, un autre climatologue spécialiste de l'environnement de l’Arctique, a déclaré: “La banquise arctique aura complètement disparu à l'été 2016.

En 2007, le “chef climat” de l'ONU, Rajendra Pachauri affirmait: “Si aucune action n'est entreprise d'ici 2012, ce sera trop tard.” Le climatologue James Hansen en 2008: “Nous serons grillés si nous ne nous changeons pas de chemin. C'est notre dernière chance”. Laurent Fabius en 2014: “Nous avons 500 jours si nous voulons éviter un chaos climatique”.

En 2018, Greta Thunberg: “Selon un grand scientifique du climat: les êtres humains auront disparu si nous ne mettons pas fin au changement climatique d'ici 2023.

En 2023, Antonio Guterres, Secrétaire-général de l'Organisation des Nations unies: “La bombe à retardement climatique est en train de tiquer.

J'en passe et des meilleures. A chaque fois, exprimer des doutes était “dangereux” et exiger que les personnes expriment leur opinion de façon plus correcte était jouer sur les mots.

Cela étant, les jugements que je fais dans cette note ne portent que sur un comportement que je perçois comme généralisé. Et si pour ce faire j'ai recours à des observations que mes interlocuteurs ont bien voulu partager avec moi, je n'ai aucun jugement à faire à l'égard des personnes qui qu'elles soient et quoiqu'elles affirment. Plus particulièrement, je n'ai que du respect pour M1 et M2, et je reste ouvert plus que jamais à discuter avec ces personnes ou avec toute autre. En fait, je souhaite pouvoir encore le faire.

La note suivante portera sur mes vues concernant le consensus scientifique dans ce domaine.



 
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from Notes

Dernière mise à jour: 02/01/2025 13:00

Avec cette série de notes, je compte présenter des opinions personnelles sur le réchauffement du climat. La présente note fait suite à celle-ci: Réchauffement (1) — windy qui es tu?

Normalement pour ce qui est d'un débat sur certaines problématiques relatives au réchauffement climatique, j'aurais tendance à penser que la présentation professionnelle de ma personne devrait suffire. Toutefois au vu de ce qui est advenu de l'évolution des échanges et malentendus que j'ai eus sur Mastodon avec M1 (voir Réchauffement (0)), je pense prudent de fournir encore quelques clarifications.

M1 m'a rapidement mis en cause en insinuant — ceci est mon interprétation toute personnelle et je peux me tromper — que j'étais un troll envoyé par l'extrême droite. Je reviendrai brièvement plus loin sur le contenu de cette mise en cause, mais cette mise en cause a suffi pour m'amener à conclure que si je voulais réduire les risques de mauvaise interprétation et compréhension de mon approche des enjeux et problématiques du réchauffement du climat, il me faudra passer par une clarification de ma “couleur politique”.

Non pas que je souhaiterais cacher cette couleur. Si, comme M1, je militais pour la NUPES/NFP, je n'aurais aucune réticence à révéler cela. De même que si j'étais militant d'un parti de droite, d'extrême droite, du centre, d'extrême centre, centre gauche, souverainiste, écologiste, mondialiste... Je déplore de ne pas être en mesure de le faire, car cela m'aurait évité de passer du temps à écrire la présente note.

La difficulté pour moi tient dans le fait que je ne suis d'aucune couleur politique — en tout cas je n'arrive pas à me situer dans un spectre politique conventionnel. Ça ne sert à rien que j'essaie d'expliquer pourquoi, cela fait partie, je pense, de la boite noire de ma personnalité.

Exemple. Lorsque j'étais membre d'une association citoyenne de défense des intérêts environnementaux de ma localité, j'ai été invité par le comité à rédiger une présentation de l'association qui allait pouvoir être publiée dans une revue connue de la région. Je me suis acquitté de cette tâche à ma façon, avec un écrit le plus conforme à la réalité possible tout en y ajoutant un peu d'humour. Quelle ne fut ma surprise lorsque les responsables sont venus, après publication, m’interpeller' “Mais dans quel camp es-tu?“. En fait, comme je ne voyais pas les choses en termes de “camp”, j'avais évoqué (gentiment) tant les forces de l'association que ses faiblesses, et notamment les incohérences et la diversité des opinions. Cette présentation comportait donc de petites autocritiques qui avaient été perçues par les autres membres comme une trahison.

“Et les élections?”, pourrait-on me demander. “Vous votez bien pour un parti, une mouvance...?” Non. Je ne vais pas céder ici mon droit au secret en la matière, mais sachez qu'avec les systèmes électoraux acutels, l'acte de voter m'est pénible. Ce qui m'arrangerait serait un système où tous les partis dressent des propositions politiques, où l'ensemble de ces propositions soient rassemblées en une liste claire et où il y aurait deux volets au vote: le premier serait de voter pour une sélection de propositions politiques sans devoir tenir compte du parti qui les a proposées, et le second serait de voter pour des gens (de partis ou non) chargés de les mettre en oeuvre. Cela me permettrait de piocher, selon les propositions, de l'extrême gauche à l'extrême droite, de l'extrême souverainiste à l'extrême mondialiste, sans devoir adhérer à une famille politique.

Cela étant, alors que j'ai une personnalité qui n'adhère pas, surtout pas aux dogmes, cela ne m'empêche pas d'avoir des principes et des convictions d'ordre politique.

Je suis contre tout gouvernement par la peur. Je ne soutiendrai aucun candidat politique que ce soit qui tient des discours et des actes infantilisants et faisant peur. Pour moi, un élu, un gouvernant doit avant tout montrer l'exemple, notamment en ne cédant pas à la peur, en regardant, en acceptant et en assumant le doute et les incertitudes avec réalisme, maturité et responsabilité. En ce sens, et en bien d'autres, les gouvernants sont, à mes yeux, comme les pilotes et des équipages d'avion.

Aussi, pour moi, gouverner n'est pas prévoir. A force de gouverner de cette façon, j'estime que notre société, trop lancée dans des fuites en avant dans le temps, est actuellement malade de son avenir. Politiquement, il n'y a presque plus moyen de gérer le présent, c'est l'avenir qui préoccupe. Les médias, accros à la projection, sont les premiers responsables de cet état, je pense.

Par ailleurs, je suis avant tout partisan de l'application intégrale et de bonne foi de la Déclaration universelle des droits de l'Homme ainsi que l'établissement et le respect inconditionnel de l'Etat de droit. Comme j'estime que déjà trop de restrictions ont été infligées à ces deux notions, je ne soutiens aucun projet ou mesure qui aboutirait de facto ou de jure à les restreindre davantage. J'ai donc politiquement tendance à soutenir les initiatives visant à lever des restrictions existantes. A mes yeux, les gouvernants de ce que l'on appelle communément “les démocraties occidentales”, par des restrictions aux libertés fondamentales et par des lois scélérates, ont fait dériver lesdites démocraties dans un sens que je condamne.

Je suis d'avis que l'idéologie dominante qui tend vers la “monoculture” et la mondialisation “top down” de tout, en faisant fi du local (constat malgré les discours) et en supprimant les diversités, soi-disant au nom de la rentabilité la plus efficace, est cruel et source de fragilisation et de destruction. Pour maintenir artificiellement coûte que coûte l'idéologie de la “monoculture” notre système de société est rendu chroniquement vulnérable (stratégie du choc), injuste (justice et politiques conduites par le deux poids, deux mesures), malhonnête (gouvernance par les cabinets de PR)... Le moins que l'on puisse dire est que ce système n'est pas durable. Je soutiens donc des projets politiques que j'estime durables et non pas décrétés comme tels par l'idéologie dominante. Et c'est pour cela que je ne soutiens pas les projets, même écologiques, climatiques et soi-disant de “développement durable”, du World Economic Forum, des Objectifs de développement durable Agenda 2030, ou de One Health de l'OMS

Aussi, j'estime que l'adoption par des Etats européens de l'euro comme monnaie unique, en abandonnant donc leur monnaie nationale et en cédant leur souveraineté à “battre monnaie”, fut une erreur. Pour ma part, je soutiens la recréation des monnaies nationales aux côtés de l'euro — les premières permettant aux Etats d'avoir à nouveau accès à une politique monétaire nationale indépendante, la seconde étant la monnaie utilisée pour le commerce international. Pour moi il ne fait pas sens de payer sa baguette ou de recevoir sa pension dans une monnaie internationale.

Je suis contre la poursuite ou le renforcement d'accords de libre échange à travers le monde. Je pense au contraire que ce dont nous avons besoin, tant pour la durabilité de l'économie que pour celle de nos environnements, c'est de réimplanter le local — les marchés, les services, les commerces, les activités culturelles, les déplacements, les relations de personnes...

Au niveau international, je suis partisan d'une application intégrale et de bonne foi de la Charte des Nations Unies. J'estime que la composition et le fonctionnement du Conseil de sécurité viole les principes mêmes de cette charte et donc je soutiens des initiatives tendant à les en rendre plus conformes.

J'estime que l'Union européenne dérive depuis sa création en une sorte de “colonie” de l'empire américain. Je ne soutiens aucune initiative qui renforce cette dérive. Aussi, je constate qu'au niveau européen, seules les lobbies ont l'écoute des dirigeants, les citoyens ayant beau à demander à être entendues, avec pour conséquence une corruption de plus en plus effrontée nuisible aux citoyens.

En matière d'environnement, j'estime qu'il faudrait avant tout que nos cultures occidentales fasse le plein d'une culture authentiquement amoureuse de ce que j'appellerais “la Nature”. Une culture qui doit faire peur constamment aux citoyens pour faire croire qu'on freine un peu la destruction de la diversité, est malsaine, malade. Si on aime où l'on est, où l'on vit, ce qui nous fait vivre, si on a une relation avec elle d'amour inconditionnel, nous serions tout naturellement respectueux. Je suis conscient que cela n'est pas la solution à toutes les problématiques conséquentes à nos comportements irresponsables (pollutions, gaspillages, destructions, consommations, corruptions...), mais les solutions ne pourront que s'appuyer sur une culture de respect d'amour de la Nature.

Dans ce cadre, je soutiens le développement d'une culture de la non-violence — tout un programme que je ne développerai pas ici.

Pour ce qui est d'une politique de l'énergie, je soutiens la priorité non dogmatique à la production des énergies renouvelables. Je soutiens aussi le recours à l'énergie nucléaire — à mes yeux nous ne pourrons pas nous en passer. Toutefois, je ne soutiens pas le recours aux technologies nucléaires de production d'énergie actuellement exploitées issues d'une “pacification” de la bombe atomique. Je ne soutiens, en matière d'énergie nucléaire, que des projets impliquant des réacteurs issus de technologies dont la sécurité et la propreté sont naturellement assumées (comme par exemple les réacteurs à sels fondus de Thorium).

Je me sens et je me rends aux côtés des réfugiés du monde entier. Je m'investis physiquement à leurs côtés quand je peux. Je pense que si les Etats du monde respectaient de bonne foi tant la Charte des Nations Unies que la Déclaration universelle des droits de l'Homme, moins de personnes de par le monde seraient amenées au déchirement ainsi de leur vie en ayant recours à la fuite.

Je pense que les Etats savent mieux gérer les services publics que le secteur privé. Force est effectivement de constater que les services publics privatisés fonctionnement moins bien aujourd'hui qu'à l'époque où ils avaient été cédés par les Etats. Je soutiens donc la nationalisation des services publics privatisés.

Je pourrais continuer, mais je pense que cela suffit pour me cerner politiquement.

Avant de terminer, je vais me positionner à l'égard des quelques points politiques concrets évoqués par M1 (voir Réchauffement (0)). Après une recherche qu'il a jugée suffisante, ce dernier m'a “dénoncé” d'être “pro-hydroxychloroquine, anti-vax, anti-masques, pro-russe, pro-trump, climato-sceptique”.

Pro-hydroxychloroquine? Bien-sûr, qui ne le serait pas? Des centaines de médecins à travers le monde ont soigné et permis de guérir des malades covid avec succès sur base des protocoles divers en traitement précoce incluant ce médicament connu et éprouvé par des centaines de millions de personnes depuis 70 ans. J'ai personnellement aidé un médecin généraliste de petit village écrire un livre où il décrit comment il a soigné des centaines de personnes avec un de ces protocoles, sans le moindre décès. Alors que le médecin est poursuivi par l'ordre médical de son pays pour cela, il n'y a pas moyen de manger avec lui tranquillement au restaurant du coin, il ne se passe pas 5 minutes avant que quelqu'un n'arrive, avec un énorme sourire, le prendre dans ses bras de reconnaissance. Et si cela ne suffit pas, que dire des quelque 400 études qui, considérées dans leur ensemble, soutiennent l'efficacité de ce produit qui, entre les mains d'un professionnel, n'est en rien dangereux.

Anti-vax?: Je ne comprends pas ce terme (sur Wikipédia la définition change régulièrement). Si cela veut dire “contre les vaccins”, c'est faux. Si cela veut dire contre les vaccins anti-covid de Pfizer et Moderna, c'est aussi faux en ce sens que moi, je ne le prendrai jamais compte tenu de ce que j'en connais, mais je suis pour la liberté vaccinale. J'ai accompagné plusieurs personnes pour qu'elles puisent se faire injecter et réinjecter de ces produits. En fait, ma position politique concernant les vaccins, c'est la liberté de choix basée sur ce que l'on appelle “le consentement libre et éclairé” — la personne doit pouvoir se prononcer librement après avoir été dûment informée par un médecin des risques et bénéfices. Pour les amoureux des étiquettes, je suis dans ce sens “anti anti-hésitation vaccinale” — et je pense que c'est cette position qui fait que M1 m'accable du terme anti-vax. Il faut savoir que cela fait plus de 20 ans que les milieux politiques — de l'OMS jusqu'aux administrations de Santé publique — font la guerre à ce qu'on a baptisé d'“hésitation vaccinale”. Cette guerre a été officialisée en 2014 à l'OMS et se renforçant en 2019 lorsqu'elle a été inclue dans la liste des dix menaces les plus dangereuses dans le monde pour la santé publique (j'ai étudié tout ça de façon précise et détaillée). Mais si l'“hésitation vaccinale” est considérée comme un des plus graves dangers pour la santé publique, que devient le sens du “consentement libre et éclairé”? Consentir “librement” d'abord, on verra bien ensuite pour l'éclairage? Et comme je n'accepte pas ça, l'idéologie me considère comme “anti-vax”.

Anti-masques? là oui, effectivement, je pense que je le suis. Encore faudrait-il préciser ce que ce terme veut dire, pour quoi et pour qui. En tout cas, j'ai à la fois ma capacité de réflexion ainsi que des sources qui m'amènent à adopter cette position. Cela dit, lorsqu'une personne me demande de mettre un masque chirurgical parce qu'elle pense que cela la protège, j'en mets un volontiers.

Pro-Russe? Là, pas du tout. Je suis contre la diabolisation en politique, et notamment contre la diabolisation de Poutine — ça ne me fait ni pro-Poutine, ni pro-Russe.

Pro-Trump? idem.

Climato-sceptique? Il s'agit là du thème de ces notes. Donc, après lecture, vous serez en mesure d'en juger par vous-mêmes.

Je dois reconnaître qu'en écrivant ces explications, je me suis senti ridicule, j'avais l'impression de régresser en enfance, comme si j'étais un petit gosse s'expliquant devant le directeur de l'école. Je me suis alors rendu compte combien ces “accusations” étaient enfantines et relevaient, à mes yeux, d'une mentalité de petit écolier et d'une adhésion naïve de l'auteur à une doxa. Je ne lui en veut pas toutefois, et cela pour deux raisons. D'abord, ce n'est pas de sa faute. Il est victime comme nous tous, je pense, du mauvais départ de la prise en charge institutionnalisée du réchauffement climatique. Ce mauvais départ a créé un système gouverné par une puissante injonction paradoxale (prouver l'improuvable sous peine de fin du monde) duquel il n'existe que deux sorties: soit adhérer à la croyance aveugle en une série de “consensus scientifiques” fabriqués maison, soit la sortie du système. M1 semble avoir choisi l'adhésion, de mon côté je suis sorti du système. Le seconde raison pour laquelle je n'en veut pas à M1, la principale, est que c'est grâce à cette personne que je me suis enfin mis à rédiger ces notes. Je l'en remercie.



 
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Dernière mise à jour: 31/12/2024 16:00

Avec cette série de notes, je compte présenter des opinions personnelles sur le réchauffement du climat. La présente note fait suite à celle-ci: Réchauffement (0) — Quelques sources

Après une timide bibliographie, une brève biographie professionnelle — d'où je viens, par où je suis passé et où j'en suis — s'impose pour comprendre la réelle ampleur de ma position actuelle sur le réchauffemet du climat.

Je m'appelle David Broman. Je suis né à Los Angeles (Etats-Unis) en 1954. Emigré en Europe en 1962.

J'ai fait deux ans d'études universitaires en journalisme et littérature anglaise à Pasadena (Etats-Unis), études que j'ai achevées en 1979 en Belgique (licence “en journalisme et communications sociales”). Plus tard, j'ai suivi un cycle de deux ans en “sciences de l'environnement” en Belgique.

Lorsque j'avais 17 ans, un événement devenu fondateur pour moi est survenu: suite à la guerre du Kippour au Proche-Orient, une série de “chocs pétroliers” ont été déclenchés par les pays producteurs. Ces chocs, entraînant notamment des décisions de retrictions d'utilisation de la voiture, ont conduit les médias, les gouvernements, les écoles notamment à inonder les citoyens d'informations sur les méfaits d'une dépendance énergétique de l'étranger. Pour ma part, pris par une peur panique, je me suis mis à rechercher partout toutes les informations possibles sur les énergies et leurs impacts environnemental et sociétal. Je me suis amené alors à me sensibiliser non seulement aux enjeux de dépendance, mais aussi, voire surtout, aux problématiques de pollution de l'air, de la terre, des océans, aux problématiques des produits pétroliers tels que les plastiques, les engrais, à la destruction et aux menaces aux biodiversités... J'ai été “initié” au Club de Rome, et aux solutions des énergies renouvelables.

Un an après, alors que les “chocs” se répétaient çà et là, j'ai refusé d'apprendre à conduire, ce qui aurait garanti que je ne participe pas à la fin du monde environnemental qui allait forcément arriver. Finalement, comme nous étions 9 à la maison, ma mère, qui avait besoin de moi pour l'aider dans les transports familiaux, ne m'a pas donné le choix. Et après 3 échecs programmés, j'ai obtenu le permis.

Ma sensibilité aux problématiques de l'environnement était alors bien implantée. Depuis cette époque, même si j'ai pu me défaire de la peur panique (je pense que je vais parler de la peur dans une autre note), j'ai vécu, y compris en famille, avec comme principal boussole la réduction au maximum de mon “empreinte écologique”. Cela fait 50 ans ça dure.

Tout ça sans avoir besoin de la terreur du CO2.

Après mes études de journalisme, comme je ne trouvais pas de travail dans la branche, j'ai pu garder deux de mes enfants à la maison, tout en faisant de la pige et en participant très activement à l'initiative citoyenne pour l'environnement de ma localité. C'est à cette époque que j'ai aussi suivi les études de sciences de l'environnement.

En 1988, couvrant une conférence, j'ai commencé une étude très approfondie sur un type de réacteur nucléaire alternatif — aux sels fondus à base de Thorium. Ca fait 35 ans que ça dure.

Toujours ne trouvant pas de travail en journalisme, j'ai investi douze ans dans l'informatique, devenant programmeur linguiste pour un système de traduction machine pour la Commission européenne.

C'est en juillet 1999 que j'ai finalement trouvé un emploi comme journaliste pour l'hebdomadaire Le Jeudi au Grand-Duché de Luxembourg. Alors que c'était un petit journal et que je m'occupais aussi de la mise en page et du suivi de l'impression, j'ai pu me plus ou moins me concentrer selon les besoins, sur les sujets environementaux et de géopolitique.

Le journal Le Jeudi a fermé le jour même où je suis parti à la retraite (simple coincidence). Aujourd'hui, il n'existe donc plus.

Pour vous donner une idée précise, à défaut d'être complète, de ce que j'ai écrit professionnellement, je vais donner des liens vers quelques articles. A les lire, l'on peut plus ou moins voir où j'en étais, et comment j'ai évolué ou pas.

Concernant le changement climatique, j'ai pendant des années eu une tiède croyance en la “position du consensus” qui se précisait au fil des ans. En cela, ma perception des problématiques a changé: les graines de doute que j'avais toujours en moi malgré moi, ont lentement germé. Une chose est certaine: ces “graines de doute” avaient été nourries suite à la vision du documentaire d'Al Gore An Inconvenient Truth (2006). Face à ce que j'ai compris être un chef d'oeuvre de propagande, j'ai pris conscience du fait qu'il y avait un lobby “changement climatique anthropogénique” qui était là prêt à tout, même à manipuler l'opinion publque par la peur, à tordre la vérité, voire à mentir, pour s'accaparer des honnêtes volontés de politique en faveur de l'environnement, de la biodiversité, d'un mode de vie durable, et de les réduire à un seul paramètre — le CO2 — rendu responsable de tout.

Voici donc quelques articles, sur des sujets variés, qui vous permettront j'espère de mieux comprendre d'où je viens.

Décembre 2005: petite présentation du concept de l'empreinte écologique

Janvier 2006: Retrouver ceux qui nous alimentent. Une page présentant les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP). Aujourd'hui, comme toujours, je crois qu'un mode de vie durable passe obligatoirement par le développment d'économies et marchés locaux. J'ai participé par ailleurs à la création d'une monnaie locale complémentaire en Gaume (Belgique).

Avril 2006: “Les océans coulent” Là un exemple d'évolution pour moi: aujourd'hui je suis plus méfiant de ce que rapportent les rapports. Cela dit, je pense que cet article, du fait qu'il ne focalise pas uniquement sur le changement climatique, est encore cohérent avec mon approche actuelle.

Décembre 2006: “Le point sur le réchauffement climatique”. Relativement objectif?

Février 2008: sur “l'indépendance illégale du Kosovo”.

Juillet 2014: Gaza et Ukraine

Mai 2015: “L'Union européenne crée l'immigration qu'elle réprime”.

Mars 2016: Interview de Gilles-Eric Séralini

Juillet 2016: “La loi et l'ordre”. Article sur l'invesiture de Donald Trump par les Républicains aux Etats-Unis. Pro-Trump, moi? Certes, je réagis à certains discours que je trouve fondés sur “l'emporte-pièce”, mais cela concerne mon souci de “parler juste” (je pense écrire une note séparée à ce sujet).

Et pour terminer, deux dossiers particuliers, et une compilation d'articles de vulgarisation scientifique fait avec et pour des naturalistes.

Avril 2004: “A-t-on besoin de religion?” La foi, les fois, sur quatre pages de bribes et de morceaux.

Décembre 2006: “Tendre l'autre joue — comprendre et pratiquer la non-violence”.

Eté 2015: “Balades avec les naturalistes”. Sept pages, des espèces invasives à la biologie des populations.



 
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Dernière mise à jour: 31/12/2024 10:00

Avec cette série de notes, je compte présenter des opinions personnelles sur le réchauffement du climat.

Cela fait quelque temps déjà que j'ambitionne de me mettre à les rédiger. Ce qui m'a finalement décidé à m'y lancer fut ce que je j'ai perçu comme une incompréhension de propos que j'ai tenus récemment (29/12/2024) sur Mastodon. Cette incompréhension avait eu pour conséquence de déranger mes interlocuteurs — au point où l'un d'entre eux (interlocuteur M1) a jugé nécessaire d'intervenir préventivement dans une discussion que j'entamais avec un autre interlocuteur (M2) afin mettre ce dernier en garde sur le fait que j'étais' un “troll”. Voici le message en entier:

Merci mais en relisant les échanges et également l'historique des messages de Windy, je pense qu'il s'agit d'un troll, certes policé, mais un troll tout de même : pro hydroxychloroquine, anti-vax, anti-masques, pro-russe, pro-trump, climato-sceptique, le tout en précisant à chaque fois qu'il est ouvert à la discussion et au doute, alors que c'est clairement une tactique oratoire dilatoire pour pouvoir continuer à instiller le doute... chez les autres.

Tandis que, le choc initial passé, l'intervention me fait bien sourire, l'incompréhension à l'égard de ce que j'exprimais m'a interpelé — car ce n'était pas la première fois. Et lorsque mon nouvel interlocuteur M2, bien qu'autrement plus tolérant, a lui aussi exprimé un trouble à l'égard de mes propos et de leur conséquences, j'ai décidé de m'engager à clarifier mes opinions par écrit ici.

Avant de commencer franchement, je tiens à mentionner quelques sources qui ont inspiré mes opinions. Ce sont des sources d'inspiration, et qui me permettent d'en trouver d'autres. Je peux boire à toutes les sources en prenant ce qui me convient et en laissant ce qui ne me convient pas. Vous pouvez donc les attaquer autant que vous le désirez, je ne me sentirai pas attaqué.

Aussi, je tiens à affirmer haut et fort que mon but ici est la discussion, le débat tolérant. Je ne vise rien d'autre, ni à convaincre, ni à semer le doute, ni à faire changer d'avis, ni, ni, ni... Si quelque chose se passe, eh bien... dont acte.

  1. Le rapport du GIEC, résumé pour les décideurs compris.
  2. Climate Uncertainty and Risk. Rethinking Our Response. Judith A. Curry. Anthem Press, 2023. Dans ma petite bibliothèque, il s'agit du livre le plus informatif que j'ai lu et que je reconsulte souvent sur le changement climatique figurant plutôt en dehors du “consensus”; certaines sections peuvent être ardues à suivre, mais cela est dû au sujet et non à une quelconque manque de clareté de l'auteure.
  3. The Climate Fix: What Scientists and Politicians Won't Tell You About Global Warming. Roger Pielke. Basic Books, 2010. Un “vieux classique” relativement modéré (malgré le titre) qui, pour ce qui me concerne, vaut son pesant d'or rien que pour l'analyse historique des débuts du tandem Convention sur le Climat – GIEC, où l'auteur constate le hiatus entre les deux dans leurs concepts respectifs du “changement climatique”.
  4. The Rightful Place of Science: Disasters and Climate Change. Roger Pielke. Consortium for Science, Policy & Outcomes, 2014. Ce livre montre qu'au moins jusqu'en 2014, l'on n'avait pas réussi à lier les dégâts d'un événement météo remarquable au réchauffement du climat.
  5. Environmental Ethics: The Central Issues. Gregory Bassham. Hackett Publishing Company, 2020. Un ouvrage qui éclaire bien sur les problématiques éthiques dans les enjeux environnementaux: du droit des animaux à la destruction d'espèces, il comporte un chapitre sur le changement climatique. L'auteur, convaincu du scénario catastrophiste, estime que “Climate change is the mother of all environmental problems”.
  6. Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain. Jean-Pierre Dupuis. Editions du Seuil, 2001. Un ouvrage qui donne à réfléchir notamment sur l'importance tant politique qu'éthique de se rendre conscient de ce que nous ignorons et de le reconnaître et l'assumer pleinement. “Savoir n'est pas croire.” Relation entre un pouvoir qui se croit responsable de tout et qui souvent n'y peut rien.
  7. L'Urgence climatique est un leurre. François Gervais. L'Artilleur, 2018. Un livre bourré d'informations et surtout de références — des meilleures aux pires — que la lecture seule des rapports du GIEC ne donne pas.
  8. Climat: de la confusion à la manipulation. Daniel Husson. l'Artilleur, 2024. Avec un des plus mauvais titres qui soient, le message premier de ce livre n'est pas dans le titre. En filigrane à travers le texte, il se lit noir sur blanc à la fin, en son magnifique chapitre 13. Les autres chapitres donnent des principes physiques et leur application au réchauffement du climat avec clarté.

Les sources ci-dessus sont directement liées au réchauffement climatique. Toutefois, personnellement je ne vis pas l'environnement uniquement selon ces sources — je ne peux donc pas concevoir ma relation avec lui sans mon sac-à-dos psychologique et spirituel. Certes elles m'inspirent intellectuellement, mais l'environnement pour moi, “c'est pas ça”. Ces sources “m'indiquent” mais ne me désaltèrent pas.

Ci-dessous, je reprends quelques unes de mes “justes” sources, celles qui me ressourcent, celles qui m'appellent à m'ouvrir une juste porte sur l'environnement, les enjeux, les risques, par l'entame d'un pélérinage, vers une relation “immobile, silencieuse et allignée” (dixit Patrick Burensteinas). Mon environnement, la nature, l'écologie sont, pour moi, un voyage initiatique de découverte et d'acceptation de ce qui me fait, donc de ce qui est. De ce qui est “juste”. Vivre mon environnement, réchauffement du climat inclu, sans (oser) faire ce voyage c'est comme (oser) rejoindre un orchestre qui joue sans instruments. Pêle-mêle donc...

  1. Reflets de l'âme. Projection et recueillement selon la psychologie de C.G. Jung. Marie-Louise Von Franz. Entrelacs, 1978.
  2. The Earth has a Soul. C.G. Jung on Nature, Technology & Modern Life. Edited by Meredith Sabini. North Atlantic Books, 2002.
  3. L'Ame et la vie. C.G. Jung. Références Livre de Poche, 1963.
  4. De l'abandon. Eric Baret. Les Deux Océans, 2004.
  5. Un alchimiste raconte. Autobiographie d'un alchimiste. Patrick Burensteinas. J'ai Lu Aventure Secrète, 2017.
  6. L'autre Dieu. La plainte, la menace et la grâce. Marion Muller-Colard. Albin Michel, 2014.
  7. Le retour de l'enfant prodigue. Henri J.M. Nouwen. Bellarmin, 1992.
  8. Abécédaire de la forêt. Sous la direction de Pascale Auraix-Jonchière etc. Honoré Champion, 2024.
  9. Shadow Dance. David Richo. Shambala, 1999.
  10. How to Be an Adult. David Richo. Paulist Press, 1991.
  11. Small Is Beautiful. A Study As If People Mattered. E.F. Schumacher. Abacus1974.
  12. Towards a Sustainable World. 3 Paradigm Shifts to Achieve. Bernard Lietaer. Delta Institute, 2019.
  13. Nourrir l'Europe en temps de crise. Vers des système alimentaires résilients. Pablo Servigne. Nature & Progrès, 2014.
  14. Dictionnaire de la non-violence. Jean-Marie Muller. Le Relié Poche Sagesses, 2005.
  15. La République. Platon. GF Flammarion, 2002/2016.
  16. Les nourritures silencieuses. Aphorismes. Yvan Amar. Le Relié Poche Sagesses, 2000.
  17. Quand les fondations vascillent. Paul Tillich. Labor Et Fides, 2019.
  18. La lumière dans les ténèbres. Jacques Lusseyran. Triades Editions, 2002.
  19. The Fear of Freedom. Erich Fromm. Routledge Classics, 1942.
  20. Entretiens. Epictète. Traduits par Dacier.
  21. Les révoltes du ciel. Une histoire du changement climatique. Jean-Baptiste Fressoz, Fabien Locher. Editions du Seuil, 2020.
  22. Le capitalisme paradoxant. Un système qui rend fou. Vincent De Gaulejac, Fabienne Hanique. Editions du Seuil, 2015.
  23. Aujourd'hui je suis vivant. Célébrations sur le chemin de Compostelle. David Broman. Editions Phi, 2016.
  24. L'extraordinaire voyage de Noir Nuage. David Broman & Virginie Alonzi, 2017.


 
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from Nasra's games

Dans le monde merveilleux de Linux, on peut tout configurer et adapter à son matériel. C'est ce qui fait sa force ! Pas besoin du support de processeurs 386 quand on a juste besoin de faire tourner ses applications sur des processeurs ARM par exemple. Ça allège le système et permet plus de réactivité.

De l'adaptation, les différentes situations.

Le noyau (ou kernel) Linux est le cœur du système. C'est lui qui va dialoguer avec le matériel. Si vous restreignez le matériel supporté ou que vous avez développé des optimisations spécifiques il va vous permettre de gagner en performances dans ces domaines là. Exemple, les distributions Android (oui Android est basé sur un kernel Linux) sont optimisées pour la gestion des réseaux (bluetooth, wifi, téléphonique), la découverte des réseaux, la connexion sont plus rapides que sur les PC. D'autres exemples spécifiques comme les NAS (DietPi, OpenMediaVault, TrueNAS...) utilisent des distributions Linux optimisées pour les lectures/écritures sur les SSD/HDD, elles seront moins optimisées pour d'autres tâches (calculs bruts...).

La recherche de la performance

Vous l'aurez compris, on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le crémier... Chaque optimisation spécifique peut induire des pertes de performances dans un autre domaine. Mais l'évolution de l'informatique permet aussi de prendre les optimisations de certains contextes pour les pousser dans les versions “generic” des noyaux. Le temps réel sous Linux qui permet une gestion à zéro latence des entrées-sorties, très utile pour l'audio, est souvent resté un kernel à part à installer. Il a été remplacé par le “low-latency” qui suffisait très bien pour la plupart des utilisations avec peu de pertes de performances.

Et depuis quelques releases de kernel, le “temps-réel” a été directement intégré dans le noyau “generic” (c'est l'option “PREEMPT_RT”).

Les noyaux spécifiques “gamers”

Certaines communautés de joueurs développent leurs propres optimisations de kernel. Liquorix, XanMod, TKG voire même Valve avec son SteamDeck développent des noyaux spécifiques pour leurs besoins : multimédia, jeux vidéos... Autant vous dire que faire tourner son serveur avec ces noyaux sera possible, mais qu'il y aura certainement des modules à ajouter, et des performances moindres qu'avec des noyaux ou des distributions spécifiques. Heureusement, vous pouvez choisir le noyau sur lequel vous souhaitez démarrer à tout moment voire supprimer le noyau “generic” pour ne garder que celui développé par la communauté.

Comparer les noyaux, bonne idée ?

Tout dépend ce que vous comparez et ce que vous voulez que votre comparatif fasse apparaître ! Si, pour des questions d'information, vous comparez des noyaux sur leurs performances multimédia, il est honnête de partir des noyaux par défaut des distributions (“generic”) et de les comparer à des noyaux spécifiquement dédiés aux performances multimédia. Vous constaterez les avancées ou parfois les régressions selon les performances. Comparer des noyaux de diverses communautés peut aussi être intéressant pour voir les différences (scoop : c'est minime voire dans les marges d'erreur des benchmarks).

Est-ce utile pour moi ?

Pour comprendre le sujet, c'est une bonne occasion de regarder cela de plus près ! Comprendre le fonctionnement d'un noyau Linux est quelque chose de complexe et c'est toujours grisant de mieux connaître un sujet aussi poussé. Pour le commun des mortels, ça permet parfois d'avoir des noyaux testés et du support pour de nouveaux matériels en avant-première et ça résous parfois des soucis d'incompatibilité avec certains jeux... Mais les noyaux “generic” intègrent de plus en plus les optimisations spécifiques et la différence devient négligeable pour celles ou ceux qui cherchent juste à faire tourner leurs jeux et applications dans de bonnes conditions sans forcément rechercher les 2fps en plus.

 
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from TeDomum

Après 3 ans sans publication, il était grand temps de donner de la visibilité sur nos travaux à venir chez TeDomum. Le constat fait à la dernière AG que nous retrouvons doucement de l'activité, nous nous sommes réunis cette fin d'année pour dessiner des perspectives 2025.

D'abord un merci sincère aux participants pour ce moment très agréable, et place à quelques éléments de compte-rendu.

Des évolutions de services à venir

Plusieurs de nos services sont peu utilisés les dernières années, nous sommes attentifs à ne pas disperser trop les efforts et reposons régulièrement la question des services à fermer. Deux services en particulier seront clos en 2025.

Tiny Tiny RSS n'est plus utilisé que par une poignée de personnes, et il consomme une part importante de nous ressources et du temps d'administration. Nous annoncerons d'ici à fin décembre la date exacte d'interruption de service. Nous accompagnons en attendant les dernièr•es d'entre vous à migrer vers Miniflux, l'alternative que nous proposons en bêta.

Mobilizon n'est simplement pas utilisé. C'est une déception pour nous, mais nous ne ferons guère de déçu•es en l'interrompant cette fin d'année.

Parmi les évolutions majeures liées aux mises à jour, nous déploierons prochainement la dernière version stable de Nextcloud. Il est possible que cette mise à jour interrompe l'extension News pour la consultation des flux RSS. Nous vous invitons de façon générale à migrer vers Miniflux actuellement en bêta, nous suivrons le sujet de près et communiquerons sur la mise à jour.

La visioconférence sera un sujet d'effort particulier l'an prochain. Nous devrons rétablir le bon fonctionnement général de notre instance Jitsi, et prévoyons de tester Element Call en complément, et possible remplaçant pour les années à venir.

Enfin, nous expérimenterons prochainement un déploiement de Wallabag pour la lecture hors ligne de vos articles et pages Web favorites.

Une consolidation de notre infrastructure

Tableau blanc

Depuis un an maintenant nous avons migré sur notre propre distribution kubernetes basée sur vanilla : avec hepto v2, de plus en plus de nos services et de vos données sont hébergés chez nos membres ! Ce qui était initialement un franc succès nous a rattrapés ce mois de novembre sur fond d'une malchance chronique et de nombreuses pannes.

En deux semaines nous avons enchaîné : une panne d'accès Internet sur kai-2 (bambino et dwelf) de plusieurs heures, une perte d'accès Internet sur kai-1 (cyprus et chartreux) d'une soirée, une panne pour surcharge sur orl-1 (americancurl) puis sur cyr-1 (levkoy), une panne électrique sur kai-2 pendant deux jours suivant les tempêtes, et un perte d'accès Internet sur kai-1 pendant deux jours. Bref, tous nos petits chats ont flanché en très peu de temps.

Théoriquement, notre cluster Kity est conçu pour résister à ce type de panne, mais deux défauts majeurs sont à corriger et seront notre priorité de début 2025 :

  • les déploiements ne sont pas automatiquement migrés lorsque nous perdons un site, c'est un bug à corriger rapidement ;
  • notre control plane est instancié uniquement sur kai-1, donc nous ne pouvons plus intervenir pour réparer quand nous perdons kai-1, c'est une fonctionnalité à ajouter, avec plusieurs semaines de développement.

Nous avons également fait le bilan de la topologie de notre infrastructure. Nous consoliderons les points suivants dans l'année :

  • les connexions entrantes seront déplacées vers une paire de machines virtuelles Scaleway, où nous déploierons aussi les passerelles IPv4-IPv6, pour préparer la résiliation de notre dernier serveur physique OVH ;
  • nous ajouterons (ou à défaut de matériel déplacerons) un nœud chez un futur membre de l'association ;
  • nous ajouterons un nœud sur le même site que nos sauvegardes, désactivé par défaut et utilisé en dévolution lorsque d'autres sites sont indisponibles.

Une migration à terminer

Nous ne l'achèverons probablement pas dans l'année, mais nous avons refait le tour des services à migrer vers notre cluster Kity.

Nous savons que quelques services seront particulièrement difficiles, comme les mails et les blogs. D'autres au contraire sont presque prêts à migrer. Nous devons finir de renforcer nos services de stockage, en particulier la sauvegarde de nos bases PostgreSQL et l'automatisation de nos Redis.

Une fois au point, nous attaquerons l'année avec la fin de la migration Matrix : les bridges, le media repository, les serveurs Matrix eux-mêmes. Nous enchaînerons avec les DNS et Jitsi, puis Nextcloud et progressivement le reste des services.

Un rapprochement des utilisateur•ices

L'accès aux services est aujourd'hui difficile, en particulier lorsque les inscriptions sont soumises à des validations. Nous en parlons depuis plusieurs mois, et nous allons modifier en 2025 le mode d'accès à nos services.

Les communications suivront prochainement, et n'hésitez pas à venir en parler avec nous. Nous avons toujours besoin d'échanger, et besoin d'aide pour faire vivre la communauté autour de TeDomum !

 
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from Nico roseau

Comment faire voyager des livres ?

Constats

Lorsqu'on achète un livre que l'on désire, on le lit et il peut rester dans notre bibliothèque pendant des mois voire des années avant d'être réouvert, vendu ou donné. II peut être prêté à des connaissances mais on garde rarement la trace et on oublie souvent le prêt.

Les boîtes à livres existent mais elles contiennent rarement des ouvrages récents ou des livres que j'ai envie de lire à première vue.

Règles

Livres en voyage

  1. Deux filles nues, Luz
 
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from Nasra's games

(adaptation et traduction de cet article : https://www.howtogeek.com/everything-you-need-to-start-recording-music-on-linux/ )

Vous rêvez de faire de la musique, mais vous voulez le faire avec Linux ? Que vous soyez prêt à enregistrer de la musique sur votre distribution Linux préférée ou que vous cherchiez le bon endroit pour commencer, voici ce que vous devez savoir.

AlsaMix

Gardez à l'esprit le type de musique que vous voulez faire

Vous pouvez faire n'importe quel type de musique sur Linux, mais il est utile de savoir ce que vous cherchez à faire. Par exemple, si vous voulez vous enregistrer en train de chanter tout en jouant de la guitare acoustique, vous aurez besoin d'une approche différente (et des logiciels différents) que si vous cherchez à produire de la musique électronique downtempo. Ne vous inquiétez pas si vous n'arrivez pas à vous décider, mais il est utile de savoir quel est votre objectif. AcidBox Hydrogen En règle générale, plus votre musique comporte d'éléments réels, plus vous aurez besoin d'équipement. Pour la musique purement électronique, vous pouvez vous appuyer principalement sur des logiciels gratuits, même si quelques équipements nécessaires vous seront certainement utiles. Nous y reviendrons dans la section suivante.

L'enregistrement de votre voix ou d'autres instruments peut s'avérer plus délicat que la création d'une musique purement logicielle, c'est pourquoi ce guide se concentre principalement sur ce point. Cela dit, l'article met également en lumière des logiciels utiles à la fois pour capturer des enregistrements et pour produire de la musique à l'intérieur de la boîte.

Le matériel dont vous aurez probablement besoin

Universal Audio Volt 2 Si vous voulez vraiment faire de la musique, vous ne pouvez pas vous passer d'une interface audio. Il s'agit d'appareils multifonctions qui sont en fait des cartes son surpuissantes pour votre ordinateur. Ils vous permettent de brancher un casque ou des haut-parleurs pour écouter la lecture de votre ordinateur, ainsi que des microphones et des signaux de niveau ligne ou instrument.

Si les interfaces audio haut de gamme qui se connectent via Thunderbolt ou Ethernet peuvent ne pas fonctionner facilement sous Linux, les interfaces plus basiques comme l'Universal Audio Volt 2 sont conformes à la classe USB et fonctionnent sans pilotes spécifiques sous Linux. La plupart des interfaces offrant une à quatre entrées sont conformes à la classe USB, mais vous pouvez toujours vérifier auprès du fabricant si vous envisagez d'acheter une interface et que vous voulez vous assurer qu'elle fonctionnera.

Yamaha AG06 MK2 Il est techniquement possible de faire de la musique en utilisant uniquement les haut-parleurs de votre ordinateur portable ou un casque branché sur votre carte son intégrée, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas optimal. En utilisant vos haut-parleurs intégrés, il est facile d'enregistrer accidentellement le son de vos haut-parleurs lorsque vous essayez d'enregistrer un instrument. L'utilisation de votre carte son interne peut fonctionner correctement pour les casques, mais vous ne pouvez pas facilement brancher un microphone pour enregistrer votre voix.

Volt 2 Studio Pack Bien qu'une interface audio facilite grandement le branchement de tous les éléments, vous aurez également besoin de quelque chose à brancher. Cela dépend de ce que vous voulez enregistrer. Vous pouvez trouver des microphones allant de quelques dollars à des milliers d'euros, mais si vous investissez dans un microphone de qualité d'une marque connue comme Shure, Beyerdynamic ou Sennheiser, vous aurez moins de chances de devoir le remplacer. D'un autre côté, cela implique généralement de dépenser plus d'argent au départ.

Si vous débutez, il n'y a rien de mal à utiliser ce que vous avez sous la main au début. Au fur et à mesure que vous vous habituerez à produire de la musique, vous pourrez toujours passer à la vitesse supérieure.

Les logiciels dont vous avez besoin

Ardour

Il existe de nombreux types de logiciels audio, mais pour l'enregistrement et la production de musique, la pièce maîtresse est la station de travail audio numérique (Digital Audio Workstation, DAW). Il s'agit en fait d'un studio d'enregistrement dans votre ordinateur, qui s'occupe de l'enregistrement, du mixage et de l'assemblage du produit audio fini pour en faire quelque chose que vous pourriez écouter sur Spotify.

Il existe de nombreux DAW gratuits et open source sous Linux, mais le plus populaire et le plus professionnel est Ardour. Ce logiciel peut être intimidant au début, comme la plupart des logiciels professionnels, mais il existe un manuel détaillé sur le site web du projet qui peut vous apprendre tout ce que vous avez besoin de savoir. Il y a même des conseils pour configurer votre système afin que le logiciel fonctionne au mieux.

Qtracktor Ardour n'est pas la seule option. Si vous êtes dans un environnement de bureau KDE, QTractor vous conviendra peut-être mieux. Si vous ne souhaitez pas vous limiter aux logiciels libres, le célèbre logiciel de création commercial Reaper est également facile à installer et à utiliser sous Linux. Nous pouvons aussi citer Bitwig, Presonus... que j'ai déjà abordé dans cet article.

Si vous enregistrez des instruments ou votre voix, il se peut que le logiciel DAW et les plugins inclus pour l'égalisation et d'autres effets audio soient tout ce dont vous avez besoin. Cela dit, si vous produisez de la musique électronique ou si vous souhaitez enrichir votre instrumentation réelle, vous voudrez peut-être ajouter des sons provenant d'autres logiciels. Vous trouverez divers synthétiseurs, séquenceurs et boîtes à rythmes disponibles pour Linux et, grâce à un puissant système logiciel appelé JACK, vous pouvez acheminer l'audio de ces logiciels vers d'autres logiciels tels qu'Ardour.

Utiliser une distribution spécifique ?

Évidemment, comme pour tout autre logiciel pour Linux, vous pouvez installer tous les logiciels DAW mentionnés ci-dessus sur la distribution Linux de votre choix. La plupart des distributions incluent au moins les options open-source dans leurs sources logicielles. Cela dit, si vous ne savez pas par où commencer, sachez qu'il existe des distributions spécialement conçues pour la création musicale et d'autres projets créatifs. Ubuntu Studio Les distributions axées sur la musique existent depuis des années. Par exemple, l'une des plus populaires, Ubuntu Studio, est apparue pour la première fois en 2007. À l'origine, la faible latence était l'un des principaux facteurs de différenciation de ces distributions. Bien que cela reste important pour la production audio, l'augmentation de la vitesse du matériel, combinée aux améliorations générales du noyau Linux, a rendu ces ajustements moins nécessaires pour la production audio qu'ils ne l'étaient auparavant. AV Linux Si certaines distributions Linux axées sur la musique, comme AV Linux, utilisent encore des noyaux personnalisés, d'autres, comme Fedora Jam, sont essentiellement de vastes collections de logiciels préinstallés. Ces distributions vous facilitent encore la vie de bien d'autres manières. Par exemple, JACK est configuré dès la sortie de la boîte, de sorte que vous êtes prêt à commencer à enregistrer. Fedora Jam Les trois distributions mentionnées dans cette section fonctionnent toutes comme des DVD ou des clés USB live, ce qui signifie que vous n'avez pas besoin de les installer. Si vous souhaitez commencer à explorer les logiciels audio disponibles pour Linux sans apporter de modifications à long terme à votre ordinateur, c'est un excellent moyen de vous faire une idée de ce qui est disponible.

Comment commencer à enregistrer

Si vous ne créez qu'un enregistrement de base, vous pourrez peut-être vous contenter d'utiliser l'éditeur audio Audacity, mais il y a une raison pour laquelle nous avons suggéré des alternatives à Audacity par le passé. Audacity est limité par rapport à un logiciel DAW digne de ce nom. Il est donc préférable d'utiliser Ardour ou un autre logiciel DAW pour tout ce qui comporte plus d'une piste.

Ardour 1

Pour créer un enregistrement de base, lancez Ardour. L'application vous propose quelques options de configuration. Vous devrez sélectionner votre carte son ou votre interface audio, qui devrait être automatiquement configurée s'il s'agit d'un périphérique USB conforme à la classe. Sélectionnez le périphérique audio approprié et démarrez un nouveau projet, puis suivez les étapes ci-dessous :

  • Cliquez avec le bouton droit de la souris à droite de l'écran, en dessous de l'indication « Master ».
  • Confirmez que vous souhaitez ajouter une piste, puis cliquez sur « Ajouter et fermer ».

Ardour-2

  • Cliquez sur le bouton rouge de l'armement d'enregistrement sur la piste nouvellement ajoutée.
  • Cliquez sur le bouton rouge Enregistrer dans la barre de transport en haut de l'écran.
  • Cliquez sur le bouton de lecture pour commencer l'enregistrement. Cliquez sur stop pour terminer.

À partir de là, vous pouvez répéter le processus, en superposant les pistes les unes sur les autres. Vous pouvez chanter en vous accompagnant ou ajouter des instruments ou d'autres sons à votre musique.

Une fois l'enregistrement terminé, vous pouvez éditer l'audio, ajouter des effets et le manipuler de toutes sortes de façons. Cela dépasse le cadre de cet article, mais vous trouverez une mine d'informations dans le manuel Ardour. Si vous utilisez l'un des autres exemples de logiciels DAW mentionnés plus haut, vous trouverez également une excellente documentation sur leurs sites web respectifs.

 
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from Nasra's games

L'audio sous Linux ! Tout un programme ! Beaucoup de personnes laissent ou ont laissé parfois tomber Linux à cause de cela... Sous Windows vous avez pléthore d'applications audio, un support du matériel par les constructeurs quasi automatique... Bref, votre casque audio bluetooth en 7.1 fonctionne bien avec le “7.1” activé grâce à l'application du constructeur ! Sous Linux, bah c'est plus compliqué...

Support matériel

En premier, le support matériel sur Linux est plus compliqué. Les constructeurs ne développent pas par défaut des pilotes pour Linux. La plupart sont propriétaires et le développement de pilotes sous Linux, bien que n'étant pas plus complexe à réaliser, est moins connu. Pour faire simple, vous avez des normes (universelles et supportées dans le noyau de Linux), comme l'USB Audio, et il faut que votre matériel le supporte pour dialoguer au mieux avec l'OS. Si on est sur des protocoles constructeurs spécifiques, le support ne se fera qu'avec le développement de solutions par le constructeur.

Pour continuer dans mon exemple, si votre matériel est bien certifié USB Audio, vous n'aurez aucun soucis. Et s'il envoie des données reconnues par le protocole mais non visibles par l'OS, il sera possible de les récupérer pour supporter ces fonctionnalités et de les utiliser dans un logiciel pour les exploiter.

Ceci étant dit, citons des exemples de marques de constructeurs parfaitement reconnus sous Linux (ou étant suffisamment suivis pour avoir des mises à jours sur leur support) : Arturia, Behringer, Presonus, Focusrite, Korg, M-Audio... Il y a de quoi faire, non ?

Audio, les serveurs et clients

Toute une histoire ! Sous Windows vous avez DirectAudio ou ASIO pour gérer le son. Sous Linux, il y a différentes évolutions, OSS, ALSA, Jack, Pulseaudio, Pipewire... Je passe ici sur les spécifications techniques de chaque serveur audio ni sur les pour ou contre de chacune des solutions. Évoquons par contre ceci : du temps d'ALSA, Jack est né pour l'audio en temps réel (avec des latences plus faibles que sous windows ou mac par exemple). Pulseaudio a remplacé ALSA mais a laissé Jack tranquille et Pipewire remplace Pulseaudio et Jack...

Aujourd'hui, vous avez encore des distributions sous Pulseaudio et d'autres qui ont migré sous Pipewire par défaut. Si dans le temps la migration ALSA->Pulseaudio s'est parfois accompagnée de difficultés (et incompatibilités d'applications), c'est moins le cas pour la migration Pulseaudio->Pipewire (il y en a, mais beaucoup moins bloquantes qu'auparavant).

Gérer ses entrées / sorties audio

Si vous avez une interface audio avec plusieurs entrées comme moi, vous aurez besoin d'une interface pour les piloter (voir leurs niveaux sonore, vérifier si les enregistrements sont ok...). Bon, on peut cela pendant l'enregistrement, avec Ardour ou Audacity par exemple, mais il est vrai que c'est pas mal de le faire au niveau de son OS.

Pour ça, je vous ai trouvé trois solutions, dont une en développement récent et actif (donc à tester, faire remonter les bugs, ils cherchent des personnes pour les aider à développer l'application).

Pulsemeeter

Je commence par Pulsemeeter, logiciel qui ressemble à Voicemeeter sous Windows et avec les mêmes caractéristiques. Et comme son nom l'indique, il est développé pour Pulseaudio !

Sonusmix

Le remplaçant de Pulsemeeter, pour Pipewire ! Sonusmix est en développement actif et recherche donc des développeurs, testeurs... n'hésitez pas !

Coppr

COPPWR affiche et fournit un contrôle sur de nombreux aspects de Pipewire aussi directement que possible de manière organisée et visuelle. Il peut aider à déboguer et à diagnostiquer une configuration de pipewire ou à développer des logiciels qui interagissent avec Pipewire.

#audio #linux #pipewire #pulseaudio #jack

 
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from Nasra's games

Je reprend ici une documentation que j'avais déjà faite en septembre 2024.

Fonctionnement de SecureBoot

Dans les années 2010, les bootkits (pour “boot rootkit”) sont des menaces informatiques dangereuses. Ce sont des logiciels malveillants capables de corrompre le démarrage du système d’exploitation, de se charger très tôt (avant l'OS) et avoir des privilèges d’exécution très bas. Ils peuvent donc prendre la main sur un système informatique bien avant les antivirus pour contrôler entièrement le système. Ainsi, les attaquants gagnent en persistance sur l’appareil.

Schéma d'exécution de SecureBoot

Pour se protéger des bootkits, l’UEFI apporte entre autre le mécanisme de SecureBoot (démarrage sécurisé). SecureBoot est un mécanisme de vérification pour garantir que le code lancé par le firmware est fiable avec des clés de chiffrement.

Parcours de validation des clés

SecureBoot ne permet donc pas de lancer les pilotes tiers non singés ! Tiens ! Sans désactiver SecureBoot (ce qui poserait des soucis de sécurité)... il est possible d'utiliser des pilotes propriétaires sur Linux, en recréant des clés MOK de sécurité ! Si vous possédez du matériel Razer c'est indiqué dans leur documentation.

La solution !

Vérifier si SecureBoot est présent : mokutil --sb-state Recréer les clé SecureBoot : sudo update-secureboot-policy --enroll-key (si cela ne fonctionne pas faire : sudo update-secureboot-policy --new-key )

Configurer SecrureBoot Entrer un mot de passe temporaire Configurer SecrureBoot Mot de passe temporaire Redémarrer le PC Au démarrage, il vous propose cet écran, choisissez le second choix Enroll MOK.

Enroll MOK Entrer le mot de passe temporaire, le PC va redémarrer...

Et les pilotes Nvidia seront lancés... et les souris Razer aussi (et tout le matériel qui demande des autorisations spécifiques) !

Victory

#Nvidia #Mint #SecureBoot #Razer #Linux

 
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from mollo

Gaza : silence coupable, résonance coloniale

Alors que la guerre s’étend au Liban, les sociétés occidentales restent trop passives face au massacre des Palestiniens pour contraindre leurs dirigeants à sanctionner Israël. Comme si elles refusaient de voir leurs propres crimes dans le miroir de la colonisation que leur tend Israël.

Par Carine Fouteau (Médiapart), le 6 octobre 2024.

Un peuple est en train de mourir sous nos yeux, et nous détournons le regard. Un an après l’injustifiable attaque du Hamas contre des familles israéliennes, le Proche-Orient s’embrase dans des proportions jamais vues.

Le 7 octobre 2023, des crimes de guerre, sous la forme d’assassinats et d’enlèvements de civils, ont été commis par des hommes en armes désireux de montrer à Israël et au monde, de la manière la plus brutale qui soit, qu’ils étaient prêts à tout, y compris au sacrifice des Palestiniens et des Palestiniennes et à la conflagration régionale, pour désenclaver Gaza et détruire leur ennemi.

Le cycle infernal des représailles s’est aussitôt réenclenché, avec le soutien « inconditionnel » de nombre de pays occidentaux, dont la France, alors qu’il était écrit que l’usage de la force militaire ne pourrait s’avérer qu’indiscriminé et disproportionné. Au nom de la « légitime défense » d’Israël, plus de 40 000 Gazaoui·es ont péri sous les bombes, ce qui fait d’ores et déjà de cette guerre l’une des plus meurtrières du XXIe siècle.

Il faut prendre la mesure de la singularité de ce désastre : des vies sont fauchées, mais aussi une mémoire, une culture, un avenir, avec la destruction des écoles, des hôpitaux, des réseaux d’eau et d’électricité, de l’aide humanitaire, des musées, des champs et des commerces.

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice a reconnu l’existence d’un « risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » aux habitant·es de Gaza et a ordonné à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission […] de tout acte » de génocide.

Le 20 mai 2024, le procureur général de la Cour pénale internationale a annoncé avoir soumis une requête pour la délivrance d’un mandat d’arrêt international contre le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et le ministre de la défense, Yoav Gallant, pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».

Le 12 juin 2024, la commission d’enquête spéciale de l’ONU, créée après la guerre de onze jours de mai 2021, a accusé Israël de « crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels ».

Malgré le droit international, la mobilisation des pays du Sud et la contestation d’une partie de la jeunesse, la communauté internationale n’a rien fait pour stopper le massacre. Elle aurait pourtant pu. Si les États-Unis et les pays de l’Union européenne cessaient tous de livrer des armes, la guerre s’arrêterait. S’ils suspendaient les relations économiques et revoyaient leur approche diplomatique, également. S’ils reconnaissaient unanimement l’État de Palestine, ils montreraient leur volonté de trouver une solution équitable. Leurs appels au cessez-le-feu, qui permettrait de libérer les otages israéliens, sonnent creux. Il est faux de dire que ces puissances sont impuissantes. Elles ont les moyens, mais elles laissent faire.

Ses crimes restant impunis, Israël, en situation de supériorité militaire, a toute latitude pour poursuivre son œuvre funeste. La guerre s’étend dramatiquement au Liban, au nom de la lutte contre le Hezbollah. Après la banlieue sud, Beyrouth est visée au cœur. En deux semaines, des centaines de civils ont été tués et un million de personnes ont dû fuir leur foyer.

Les habitants du Proche-Orient « sont prisonniers de la dynamique de destruction régionale dans laquelle leurs dirigeants les ont entraînés », écrit, dans une tribune du Guardian traduite par Orient XXI, Omer Bartov, grand historien de la Shoah, qui, depuis le raid contre les déplacé·es de Rafah le 8 mai 2024, qualifie l’offensive israélienne de « crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actions génocidaires systématiques ».

Les raisons d’un aveuglement

Responsable de son inaction, la communauté internationale se rend complice. Mais que dire des sociétés civiles occidentales ? Alors qu’un processus génocidaire est en cours, pourquoi détournent-elles le regard ? Qu’est-ce qui, dans leur (in)culture commune, les retient de se mobiliser massivement, notamment celles et ceux parmi elles qui ne sont pas descendant·es de populations colonisées ?

Évacuons d’abord ce qui est une évidence. Les autorités israéliennes empêchent de voir. En interdisant aux journalistes étrangers d’entrer à Gaza, elles ne permettent pas de documenter leurs crimes dans toute leur ampleur. Les seules images et récits qui nous parviennent sont transmis par des journalistes palestiniens eux-mêmes pris pour cible par Tsahal. En faisant de tout homme un combattant potentiel du Hamas ou du Hezbollah, la propagande israélienne invisibilise les pertes de civils et justifie que tout un peuple soit pris pour cible.

Israël peut ensuite compter sur le relais de ses alliés pour silencier les sociétés occidentales. La possibilité d’y exprimer son soutien aux Gazaoui·es est muselée. En France, notamment, dans une forme renouvelée de maccarthysme, la solidarité avec la Palestine est passible de convocation policière, de condamnation pénale ou d’interdiction préalable.

Le sous-texte colonial

Enfin, mais surtout, un lourd travail d’introspection s’impose : les Occidentaux ne sont pas seulement empêchés de voir. Ils ne veulent pas voir. Pour comprendre cet aveuglement, il faut revenir aux fantômes du passé, au racisme intrinsèque de nos sociétés, lui-même fruit de l’histoire coloniale européenne jamais réparée.

Dans Au cœur des ténèbres, publié en 1899, l’écrivain britannique Joseph Conrad raconte le destin tragique d’une mission coloniale en Afrique centrale, remontant les eaux troubles d’un fleuve sinueux, en pleine nature hostile, à la recherche de l’un des siens, passé aux mains des indigènes, après avoir ouvert un comptoir de commerce de l’ivoire. Dans toute sa noirceur, la narration traduit la déshumanisation propre à l’expérience coloniale qui, au motif de « civiliser les sauvages », s’arroge le droit de disposer des corps et des terres, quand elle ne finit pas dans l’impératif de l’anéantissement. « Exterminez toutes ces brutes ! » : c’est dans les lignes de ce tumultueux récit que l’écrivain suédois Sven Lindqvist a puisé le titre de son livre paru en 1992, avant que le cinéaste haïtien Raoul Peck ne s’en empare à son tour pour l’un de ses films (2021) racontant l’histoire du point de vue des colonisé·es.

Fondée sur l’idée de supériorité raciale d’un groupe sur l’autre, la mécanique de la colonisation, enclenchée par les Européens jusqu’à sa consolidation au XIXe siècle, ne peut que conduire à la négation du peuple soumis au joug de l’occupant. Il n’est pas inutile de se souvenir qu’à la fin de la Reconquista, en 1492, les expulsions des juifs et des musulmans d’Espagne, coïncidant avec le départ des navires de Christophe Colomb vers l’Amérique, ont été précédées, outre les conversions forcées au catholicisme, de massacres pour s’approprier des terres et des ressources.

Il est aussi intéressant de rappeler, comme le fait Naomi Klein dans Le Double. Voyage dans le monde miroir (Actes Sud, 2024), qu’un mois après la Nuit de cristal en novembre 1938, une délégation de la Ligue australienne des Aborigènes a condamné, bien avant que les capitales occidentales ne se décident à partir au combat, la « persécution cruelle du peuple juif par le gouvernement nazi allemand ».

« Ces chefs indigènes, qui luttaient encore pour leurs propres droits fondamentaux, avaient clairement perçu la gravité de la menace », constate l’essayiste américaine. « Le caractère industriel des massacres perpétrés par les nazis était nouveau, et le cas juif est différent. Mais tous les cas sont différents – et certains éléments définitivement semblables », poursuit-elle. Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire le dit, en 1950, avec ses mots : les Européens ont « supporté [le nazisme] avant de le subir ».

Les démocraties européennes sont censées s’être libérées, institutionnellement tout du moins, des oripeaux du passé. L’égalité entre les êtres humains est inscrite au cœur de tous les textes fondamentaux qui les régissent. Mais le racisme, intrinsèquement lié à l’esclavagisme et au colonialisme, n’a pas disparu pour autant. Il suffit de lire Mediapart pour se rendre compte de l’ampleur du problème. Les tenants plus ou moins avoués de l’inégalité naturelle sont aux portes du pouvoir. Marine Le Pen (Rassemblement national) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont même déjà un pied dedans.

« La question qui structure la vie politique française est celle du racisme », estime la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans un entretien à Mediapart. « Des années d’idéologie islamophobe et de guerre internationale “contre le terrorisme” ont imprégné les esprits et rendu les discours antipalestiniens plus acceptables, justifiant, aux yeux de beaucoup, une guerre d’anéantissement à Gaza », insiste la socio-historienne Houda Asal dans un article de la revue Contretemps, publié le 16 septembre 2024.

La responsabilité historique des sociétés occidentales dans la colonisation, ajoutée à la perméabilité au racisme et aux discriminations, peut expliquer l’atonie, voire le consentement tacite à un conflit lui-même largement déterminé par une logique de domination.

Justifier le pire

Les formes prises par les colonialismes dans l’Histoire diffèrent, certes, d’une expérience à l’autre. Et plaquer le cas israélien sur les précédents européens ne permet ni de comprendre le présent, ni de préparer l’avenir, puisque la seule issue politique qui vaille est d’inventer un cadre permettant aux deux peuples de cohabiter.

Il n’en reste pas moins qu’Israël, dont la création a paradoxalement constitué une injustice envers les Palestiniens et les Palestiniennes pour en réparer une autre, née de l’horreur des camps nazis, est un État colonial dont la communauté internationale dénonce en vain la politique d’occupation et d’expropriation depuis 1967. À cette époque, on comptait moins d’une dizaine d’implantations illégales en Cisjordanie ; elles sont au nombre de 145 aujourd’hui, toutes contraires au droit international, comme l’étaient celles de Gaza démantelées en 2005.

L’accession au pouvoir de la droite nationaliste et de l’extrême droite messianique n’a fait qu’accélérer le processus. En adoptant, le 19 juillet 2018, une loi fondamentale définissant Israël comme le « foyer national du peuple juif », l’État a acté en son sein la discrimination des minorités arabe et druze et rompu avec la déclaration d’indépendance de 1948, selon laquelle le pays se devait d’assurer « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ».

Les attaques du 7-Octobre sont apparues aux autorités comme la justification ultime du bien-fondé de leur politique séparatiste. Face à un ennemi qui, dans un terrifiant jeu de miroir, refuse d’admettre son droit à exister, Israël s’est retrouvé conforté dans son inquiétude existentielle d’être confronté à un nouvel Holocauste et, par conséquent, dans la nécessité de s’en prémunir quoi qu’il en coûte.

Les tréfonds suprémacistes du gouvernement de Benyamin Nétanyahou ont aussitôt ressurgi des ténèbres. Imposant, dans les 48 heures, un « siège complet » de Gaza, le ministre de la défense, Yoav Gallant, en a énoncé avec fureur les implications : « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé […]. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence. » Comment interpréter autrement ces propos que comme une variante de l’appel de Kurtz, personnage tragique du roman de Joseph Conrad, à « extermine[r] toutes ces brutes » ? Que dire des déclarations du ministre des finances, Bezalel Smotrich, estimant le 5 août 2024 qu’il pourrait « être justifié et moral » de « laisser mourir de faim » les habitant·es de Gaza ?

Décolonisons-nous

Alors qu’un peuple est rayé de la carte, l’absence de soulèvement massif doit interroger les sociétés occidentales et les conduire à un examen de conscience collectif pour enfin se départir de leur éthos de colons, ou tout du moins de descendants de colons. Leurs crimes passés, plutôt que de faciliter l’acceptation des crimes actuels, devraient les aider à y voir clair dans les mécanismes à l’œuvre pour espérer y mettre un terme.

Sans une reconnaissance approfondie de leurs méfaits, alors qu’elles s’imaginaient comme l’avant-garde éclairée du monde, sans une déconstruction des marqueurs racistes encore profondément ancrés et sans une volonté réelle de réparation des victimes, elles continueront d’être aveugles à la gravité de ce qui se trame sous leurs yeux et ne seront d’aucun secours aux Palestinien·nes et aux Israélien·nes en quête d’un terrain d’entente. Il est urgent de décoloniser nos esprits, notre culture, nos structures d’organisation pour faire face à l’irréparable.

À l’opposé de cette nécessaire remise en cause, la France opère un tragique retour en arrière. La manière dont l’exécutif, depuis quelques mois, a détruit méthodiquement quarante ans de processus décolonial en Nouvelle-Calédonie, fait ressurgir de vieux réflexes coloniaux.

Sur une terre où les habitant·es et les institutions ont su faire preuve d’intelligence collective et d’accommodements raisonnables, la gestion policière, brutale et binaire, sans passé ni futur, est vouée non seulement à l’échec, mais aussi au drame. Plutôt que d’apaiser et de « sécuriser », elle rouvre les plaies, ravive les tensions et tue.

Ce n’est ainsi pas un hasard si, dans leur dénonciation de l’action rétrograde des autorités françaises, les indépendantistes kanak ne manquent jamais d’affirmer leur solidarité avec le peuple palestinien, signe que les uns et les autres se reconnaissent dans leurs conditions d’existence et leurs destinées.

La récente nomination au ministère de l’intérieur de Bruno Retailleau laisse présager du pire, lui qui, il y a tout juste un an, vantait les « belles heures » de la colonisation et s’insurgeait contre la « repentance perpétuelle ». Qu’il faille s’en remettre au premier ministre Michel Barnier pour espérer l’amorce d’une « démarche constructive », selon l’expression du député indépendantiste Emmanuel Tjibaou, fils du leader historique du nationalisme kanak, a de quoi laisser dubitatif.

Contre ce rouleau compresseur réactionnaire, seule une détermination citoyenne à toute épreuve peut nous conduire à regarder le passé en face, condition sine qua non pour défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et éviter de nous couvrir définitivement de honte auprès des générations futures. Ne regardons pas ailleurs. Cessons de supporter le carnage. Nous sommes moralement responsables de ce qui se produit si nous ne nous y opposons pas. Le silence nous achèvera nous aussi.

Carine Fouteau

 
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